ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 459 - 01/07/2003

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Kenya
Agriculture en danger


ECONOMIE


Les politiques du FMI et de la Banque mondiale n’encouragent pas le développement économique

Au fin fond des plaines de Kano, le long du lac Victoria, dans le district de Kisumu, Ateno et les autres membres de son village sont confrontés aux inondations annuelles qui détruisent souvent les récoltes. La pauvreté touche quelque 56% de la population. La plupart d’entre eux, avec moins d’un dollar par jour, vivent dans des régions rurales ou dans des petites communautés urbaines venant de ces mêmes régions.

Ateno et les autres villageois sont des fermiers. Ils vivent de leurs produits et ils ont juste de quoi survivre. Ils aimeraient bien produire plus et vendre une partie de leur récolte, ce qui leur permettrait d’améliorer leur niveau de vie. L’administration nationale de l’irrigation avait choisi leur région pour cultiver du riz, mais actuellement le système d’irrigation s’est délabré et il n’y plus de riz.

Qu’est-ce qui ne va plus?

Parmi les principales causes de cette situation, il y a d’abord les chamailleries sans fin pour des questions de direction, des problèmes de culture intensive et une météo  peu fiable. Ensuite, depuis le début des années 1990, pour bénéficier de crédits, le Kenya a dû se soumettre aux programmes d’ajustement structurel imposés par la Banque mondiale qui, souvent, ne tiennent pas compte des besoins locaux. Troisièmement, autrefois, les fermiers pouvaient compter sur les agronomes du ministère qui venaient régulièrement conseiller quand et quoi planter et quelles semences employer. Mais maintenant, les fermiers doivent prendre eux-mêmes l’initiative et demander l’aide du ministère de l’Agriculture. Ce qu’ils ne sont pas toujours enclins à faire. En fait, la plupart des fermiers n’ont jamais adopté les méthodes modernes d’agriculture et préfèrent encore leur façon traditionnelle de cultiver. La plupart du temps, ils trouvent les méthodes modernes trop coûteuses et peu viables, vu le niveau croissant de leur pauvreté. Habituées à leur façon de faire d’autrefois, les communautés agricoles ont tendance à attendre que les agronomes du gouvernement leur “apportent” le développement – et ils attendent en vain.

Au cours des années, le gouvernement a aussi adopté une politique de libéralisation du secteur agricole. Les produits agricoles locaux se trouvent ainsi exposés à une trop forte concurrence avec des produits fortement subsidiés importés des pays développés. On peut par exemple trouver des oeufs et des oranges venant de l’Afrique du Sud, à un prix beaucoup moins cher que ceux produits au Kenya. Les cultivateurs de ces pays sont avantagés car ils recevoivent des subsides et ils ont un marché plus vaste, leurs gouvernements ayant déployé des stratégies pour trouver d’autres débouchés à leurs produits. C’est pourquoi le fermier kényan doit ou bien diminuer ses prix pour s’aligner à ceux des produits importés, ou bien tout simplement cesser son activité, ne pouvant plus vendre ses produits.

La  participation aux frais

Le professeur Yash Tandon, directeur de l’Initiative pour la négociation et l’information du commerce international de l’Afrique australe et orientale (SEATINI ), dénonce les attitudes impérialistes auxquelles sont confrontés les pays en développement quand ils négocient pour de meilleurs termes de commerce. Dans une série de conférences organisées par Action Aid Kenya et la Fondation Heinrich Boll, M. Tandon a déclaré: «Le commerce dans les pays en développement est fortement influencé par la domination étrangère, par des règlements nationaux peu démocratiques et par la crise mondiale actuelle de la sécurité et des profits. Dans la plupart des cas, les empires de l’Europe occidentale et anglo-saxons sont de connivence pour pousser à la libéralisation du commerce et de la circulation des capitaux, et pour restructurer les marchés et les ressources des pays du tiers monde à leur propre profit. Généralement, ce sont les membres les plus vulnérables et les plus faibles de la société qui en supportent le poids, et c’est ici que les pauvres, dont un haut pourcentage de femmes, rencontrent  des difficultés».

A cause de ces politiques imposées par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale — et que les gouvernements en mal d’aides financières ont dû accepter —, les personnes comme Ateno doivent d’abord faire une demande formelle d’aide, et ensuite payer pour l’aide reçue, participant à des frais payés auparavant par le gouvernement.

En fait, rien ne prouve que la politique du FMI et de la Banque mondiale encourage vraiment la croissance économique des pays pauvres.

  • Viviene Charity Simwa, Kenya, mai 2003 — © Reproduction autorisée en citant la source

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