ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 459 - 01/07/2003

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Zambie
Gaspillage des fonds des PPTE


CORRUPTION


Un regard sur l’allégement de la dette et de la pauvreté

Dans un centre rural de l’administration de Solwezi, dans le nord-ouest de la Zambie, un ingénieur des routes a été condamné par un tribunal de première instance à sept ans d’emprisonnement et de travaux forcés, pour avoir volé plus de 15 millions de dollars du fonds des Pays pauvres très endettés (PPTE). Ce cas, dont on ne discutera pas ici les circonstances, en dit long sur les abus constatés régulièrement concernant les fonds de secours pour l’allégement de la dette, qui devraient aider à réduire la grande pauvreté dans le pays, surtout dans les régions rurales.

Le représentant du Fonds monétaire international (FMI) en Zambie, Mark Ellyne, est écœuré et inquiet à cause de la fréquence des vols des fonds PPTE et du manque de responsabilité et de transparence dans l’emploi de ces fonds. Il a demandé au gouvernement zambien un rapport officiel, pour que le FMI puisse prendre des décisions politiques à ce sujet. Sous l’initiative PPTE, la Zambie a reçu environ 750 millions de dollars mais, à la fin de chaque année, elle n’a présenté aucun rapport comme c’est demandé. «En tant que donateurs, nous n’aimons pas le détournement de ces fonds, destinés à réduire la pauvreté. S’ils prennent d’autres chemins, c’est bien triste, car ils n’atteignent pas leur but.».

«Jubilee-Zambia»

L’organisation Jubilee-Zambia se sent encouragée par ces propos d’Ellyne qui la stimulent à renforcer son programme en cours, “Le mécanisme de la dette”, destiné à contrôler la bonne utilisation des fonds PPTE. Jubilee-Zambia, dirigée par le Centre de réflexion théologique des Jésuites (JCTR) à Lusaka, s’est fait la championne de la campagne pour la suppression totale de la dette effarante qui se monte à de plus de 7,5 milliards de dollars. La Zambie a été qualifiée depuis décembre 2000 pour la réduction de sa dette dans le cadre de la structure PPTE. Malgré cela, à cause de la grande corruption au niveau du gouvernement, l’organisation est convaincue qu’il faut absolument veiller à ce que ces ressources soient vraiment employées pour le bien-être des pauvres.

A l’occasion de divers groupes de travail sur “Supprimer la dette pour réduire la pauvreté”, Jack Zulu, analyste politique de Jubilee-Zambia, a souvent souligné que l’appel à un «mécanisme pour la dette» a deux objectifs. Il explique:

  • «D’abord, cet appel signale aux créditeurs notre détermination à nous attaquer au problème de la pauvreté dans notre pays, dans une approche globale et ouverte pour améliorer la situation de la majorité pauvre. Il renforce aussi le principe d’un partenariat stratégique entre société civile et gouvernement, ce qui est la clef d’un développement humain durable.
  • «Ensuite, et c’est encore plus important, les sondages d’opinions effectués par Jubilee-Zambia en 2000 et 2002, indiquent que beaucoup de Zambiens sont convaincus que, si on laisse au gouvernement seul la gestion des ressources PPTE, celles-ci ne parviendront pas aux pauvres».

Partageant l’avis de Zulu, Ellyne demande à la société civile de collaborer avec le FMI et la Banque mondiale pour assurer «un contrôle effectif de l’utilisation des fonds PPTE. Le FMI ne veut pas s’ingérer dans le contrôle de ces fonds, car c’est au gouvernement de faire que cet argent atteigne les buts voulus. La société civile et la communauté des donateurs sont supposées se compléter, même si elles fonctionnent à des niveaux différents».

La situation actuelle

Analysant la situation actuelle, Zulu affirme que, suite à l’initiative PPTE accrue et à d’autres programmes d’allégement de la dette, les services à payer par la Zambie pendant les 20 prochaines années seront considérablement réduits. Sans cela, pour la période 2000-2019, le pays aurait dû payer en moyenne 354 millions de dollars par an, rien que pour les intérêts de la dette. Mais grâce à l’aide PPTE et à d’autres aides traditionnelles, le service moyen de la dette sera considérablement réduit.

En 2001, le gouvernement zambien a payé 116,5 millions d’intérêts, au lieu des 606 qu’il aurait dû payer sans l’assistance PPTE. Cependant, Zulu se demande pourquoi l’initiative PPTE ne s’est pas encore attaquée aux causes principales de l’impasse actuelle de la dette en Zambie. Elle n’aborde pas, par exemple, les conditions injustes du commerce international, ni les plantureux subsides accordés par les pays occidentaux à leur agriculture. Ces subsides empêchent toute compétitivité avec les produits zambiens.

Il propose donc une alternative à ces fonds PPTE. Ceux accordés à la Zambie devraient être versés sous forme de subventions, libres de toute condition astreignante. En plus, les pays industrialisés devraient introduire des réformes structurelles et politiques le plus vite possible, permettant aux pays du tiers monde d’exporter plus facilement leurs produits sur les marchés internationaux et ce, à des prix compétitifs.

  • Moses Chitendwe, Zambie, mai 2003 — © Reproduction autorisée en citant la source

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