ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 461 - 01/09/2003

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Congo-Brazzaville
Peu de femmes dans les médias


FEMMES


Peu présente dans l’audiovisuel, la femme est complètement absente dans la presse écrite.
Une situation alarmante. Et rien n’est fait pour y remédier.

 

Cette année, les autorités Congolaises n’ont pas caché leur satisfaction après avoir constaté que le Congo ne figure pas sur la liste noire de “Reporters sans frontières”, citant les pays qui s’attaquent à la liberté de presse. Elles devraient pourtant s’inquiéter de la médiocre présence des femmes dans les médias.

Les enquêtes menées en mars dernier par le réseau Femmes et médias (FemMed-WomMed) sur les femmes journalistes, montrent le décalage profond entre le nombre de femmes ayant fait des études en communication et le nombre de celles qui ont obtenu un emploi dans les médias. (Ndlr - Le réseau FemMed-WomMed a été créé par les participantes du symposium de Toronto sur les femmes et les médias, organisé par l’UNESCO en mars 1995).

Les femmes congolaises recrutées dans les médias exercent pour la plupart dans l’administration et dans les services techniques, constate le rapport de FemMed–WomMed. Cela est attribué à un manque de formation. Cependant, il faut souligner que le personnel féminin est beaucoup plus présent dans la presse audiovisuelle que dans la presse écrite, où elles sont quasi inexistantes.

A la télévision nationale, qui emploie 300 agents, on compte 107 femmes. Quelques-unes sont reporters (2,3%), d’autres présentatrices (8%) et techniciennes (16,6%); mais elles sont absentes au niveau de la régie et de la réalisation, note FemMed–WomMed. Radio–Congo, elle, compte 36 femmes, dont des reporters (2,5%) et des présentatrices des journaux et d’émission (8,6%). Parmi les 159 agents de l’Agence congolaise d’information, organe d’Etat, 38,5% sont des femmes: trois d’entre elles sont chefs de service, huit travaillent à la rédaction, et le reste dans l’administration. Globalement, les femmes représentent un peu plus d’un tiers des journalistes, mais restent sous–représentées parmi les cadres.

Absentes dans les journaux

Côté presse écrite, les choses sont catastrophiques. Le Congo compte environ une douzaine de journaux privés. Force est de constater que les femmes y sont complètement absentes. «Cela s’explique par le manque de formation des femmes dans ce secteur. D’autre part, la presse écrite est très contraignante», estime une femme journaliste du centre de documentation des médias de Brazzaville. Et elle ajoute: «D’ailleurs, je trouve que la presse écrite a une moindre importance chez nous; c’est une presse qui n’a pas de crédit. La recherche de l’information est difficile. Quand vous arrivez quelque part, on vous demande toujours si vous êtes de l’audiovisuel...».

Le fait que l’audiovisuel soit plus rémunérateur que la presse écrite est une autre raison fondamentale qui rend le secteur plus attirant pour les femmes. Les journaux au Congo paient des piges dérisoires. Ce qui pousse les journalistes à pratiquer la “Camorra”, une pratique qui consiste à rédiger des articles fantaisistes moyennant finances.

Eugène Gampaka, directeur de l’hebdomadaire brazzavillois Tam–Tam d’Afrique, interrogé sur la faible présence de femmes dans ce secteur, note simplement: «Dans le passé, nous avons eu dans notre journal deux femmes stagiaires. Elles ont bénéficié du même suivi que les hommes. Mais d’elles-mêmes, elles ont fini par démissionner sans donner de raisons».

Initiatives avortées

Certains observateurs soulignent aussi que l’échec des femmes dans la presse écrite est dû au fait qu’elles sont trop souvent victimes du harcèlement sexuel de la part des chefs: «Plutôt que de s’occuper de leur évolution, on les embrouille dans la bêtise. Ce qui désaxe leur volonté d’aller de l’avant», explique un journaliste.

Les initiatives n’ont pas manqué. Quelques femmes journalistes congolaises ont tenté d’animer des journaux qu’elles ont créés elles-mêmes. C’est le cas de magazines comme “Jasmine”, “Bakento”, “Batuenia”. Mais ces projets ne reçoivent aucun soutien financier sur le plan local. Lancé depuis bientôt deux ans par une femme, “Nzelé”, le magazine de la femme, tente péniblement de survivre, malgré la bonne volonté de sa directrice. Et l’avenir semble précaire. Des associations montées par des femmes n’ont existé que le temps d’un feu de paille. Cette indifférence renforce la marginalisation de la femme congolaise dans les médias.


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