ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 461 - 01/09/2003

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Gabon
Le déclin pétrolier pousse à diversifier l’économie


ECONOMIE


Le Gabon, qui a souvent été désigné comme “l’Emirat africain”,
ne manque pas d’atouts, mais doit diversifier son économie,
encore trop dépendante du seul pétrole dont les réserves ne cessent de baisser

La baisse de la production pétrolière, amorcée en 1998, s’est poursuivie en 2002, avec un déclin de 4,7% par rapport à 2001. Cela situe le volume de la production nationale à 12,281 millions de tonnes en 2002. Le taux de décroissance de la production pétrolière serait maintenu en dessous des 5% grâce à l’intensification des travaux de développement, selon la direction générale de l’Economie. En 2003, il est prévu une production de pétrole d’environ 11,294 millions de tonnes, soit un retrait de 8,04% par rapport à 2002. D’autre part, le dollar américain a amorcé un repli en 2002 avec une moyenne annuelle qui s’est située à 694,9 FCFA contre 733,11 FCFA en 2001, soit une dépréciation de 1,8%. Les recettes pétrolières, en baisse de 32,3% par rapport à l’année 2001, se situeraient à 510 milliards de FCFA en 2002 et à 448,1 milliards de FCFA en 2003. Cette situation liée à la chute de la production de brut et des incertitudes sur le prix du baril, proviendrait principalement d’un repli du recouvrement des recettes issues de l’impôt sur les sociétés pétrolières, la redevance pétrolière et les dividendes.

Dans l’attente d’un nouveau Rabi

Le gisement de Rabi, le plus important jamais découvert à terre au Gabon et qui produisait environ 250.000 barils/jour en 1997, ne délivre plus que 55.000 barils/jour en 2003. Notons par ailleurs que 250.000 barils/jour est la production totale du Gabon aujourd’hui. Le gisement de Rabi, auquel est associée Elf-Gabon, reste néanmoins un enjeu important. Rabi est un champ arrivé à maturité. Il amorce sa phase 3, qui vise à établir une nouvelle stratégie de développement du champ en améliorant entre autres les équipements de surface de façon à permettre aux puits de produire à leur meilleur potentiel.

«Rabi phase 3 avance très bien. Nous sommes arrivés à un accord avec la République gabonaise sur le renouvellement de la licence de Rabi, accord signé le 18 avril. Nous avons foré 8 puits sur les 15 prévus pour cette nouvelle phase», a déclaré M. Frank Denelle, président-directeur général de Shell Gabon. «Les résultats sont bons. Je suis heureux de pouvoir dire que les puits que nous avons forés produisent bien, c’est-à-dire que nous sommes en train de stabiliser la production de Rabi. La production moyenne que nous attendons pour cette année se situe entre 53.000 et 55.000 barils par jour. Mais nous sommes assez confiants que cette stabilisation va arriver». Interrogé sur la rentabilité de l’investissement de plus de 150 millions de dollars pour la phase 3 de Rabi, M. Denelle a affirmé que «le niveau de récupération d’huile à Rabi sera de 50 millions de barils. Et à partir de ce moment, le projet sera économique».

Rabi a été découvert en septembre 1985. Sa production avait démarré en janvier 1989 sur une superficie de 129 km2. En 1994, sa production avait atteint 9,2 millions de tonnes et avait permis par la suite de dépasser rapidement les 305.000 barils par jour.

Mais le Gabon possède d’autres atouts, encore peu explorés, pour diversifier son économie et aurait dû les développer au cours des années 70, lors de la grande prospérité pétrolière. Il s’agit de l’agriculture, de la pêche, du tourisme et du secteur minier.

Agriculture et indépendance alimentaire

«L’agriculture est l’une des grandes richesses nationales. Elle doit être l’un des éléments fondamentaux de notre puissance économique. Le Gabon veut atteindre son indépendance alimentaire et diversifier ses revenus en faisant de l’agriculture l’une des priorités économiques, bien que cela s’avère être un processus de longue haleine», considère le vice-Premier ministre, en charge de l’Agriculture, M. Paul Mba Abessole. «Le devoir d’un gouvernement, c’est de protéger son peuple, le soigner et le nourrir», a-t-il rappelé, précisant que les pouvoirs publics devraient mieux organiser le secteur agricole pour le sortir de la marginalisation.

Mais l’agriculture a encore un faible impact dans l’économie gabonaise. Son essor est entravé par de nombreux facteurs fonctionnels dont l’exode rural, l’état des routes, la faible capacité des exploitations et les techniques culturales archaïques. La contribution du secteur agricole au produit intérieur brut (PIB) ne représente que 5%, alors qu’elle était de 16% dans les années 60 et d’environ 7% dans les années 90. On distingue au Gabon trois types de cultures: les cultures vivrières, maraîchères et de rente. L’essentiel des deux premières est consommé localement, alors que les produits de rente que sont le café, le cacao et le caoutchouc, sont destinés à l’exportation.

L’Institut gabonais d’appui au développement (IGAD) poursuit son action de développement du tissu agricole périurbain sur 400 exploitations, grâce à une dotation de 3,9 milliards de dollars octroyée par l’Agence française de développement (AFD). «L’IGAD va assurer “l’appui et le conseil aux producteurs” auprès des agriculteurs des 6 provinces concernées par ce programme et en particulier pour ceux qui souhaitent améliorer et intensifier leurs modes d’exploitation», a rapporté Simon Efoun, chef de projets au ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et du Développement rural. Le secteur de l’agriculture périurbain de Libreville (maraîcher et élevage) génère un chiffre d’affaires total moyen de 6,2 milliards de FCFA par an. Créé dans le cadre de la Provision pour investissements diversifiés, l’IGAD contribue à la promotion des exploitations agricoles spécialisées dans le maraîchage, la polyculture vivrière, l’élevage et la transformation agroalimentaire. Le projet est soutenu financièrement par l’Etat gabonais et Elf-Gabon, ainsi que les bailleurs de fonds institutionnels: l’AFD et la Coopération française. A ce jour, l’agriculture, l’élevage et la pêche constituent dans le secteur privé moderne le sixième secteur pourvoyeur d’emploi au Gabon.

Le tourisme doit émerger

Le Gabon, qui n’est pourtant pas un pays à tradition touristique, a mis en place une politique avantageuse pour les investisseurs de ce secteur, afin de valoriser et de promouvoir ses sites touristiques. Le gouvernement qui désire une profonde restructuration du tourisme, a promulgué un décret qui abroge le visa pour les hommes d’affaires et annule pour ce secteur les taxes et impôts divers à verser à l’Etat. Un autre avantage que propose la loi sur les investissements touristiques est que les investisseurs étrangers pourront rapatrier les revenus issus de leurs activités en toute indépendance.

Bien que possédant une infrastructure hôtelière conséquente, la tradition touristique qui est développée au Gabon par une poignée d’opérateurs français, propriétaires de certains sites, n’est pas encore ancrée dans les mœurs. Grâce à l’intérêt qu’y portent les autorités et aux multiples campagnes de presse développées par le gouvernement pour vendre la destination Gabon, le flux touristique tend à augmenter et devrait atteindre un taux raisonnable au cours des prochaines années.

Les mines, le bois et la pêche

Le Gabon est actuellement le troisième producteur mondial de manganèse, après l’Afrique du Sud, mais devant l’Australie. 95% du manganèse extrait au Gabon sont destinés aux industries sidérurgiques à travers le monde. La Compagnie minière de l’Ogooué (COMILOG ) qui exploite le manganèse depuis 1962, a débloqué des investissements importants pour la construction du complexe industriel de Moanda, dans le sud du pays. En 2002, la production mondiale de manganèse a enregistré un record historique avec 903 millions de tonnes, soit une croissance de 6,2%. Le Gabon a livré 469.000 tonnes d’alliages à la France au cours de cette année. Le gisement de manganèse de Moanda, a vu ses performances industrielles s’améliorer en 2001.

Avec le manganèse, le bois a représenté l’essentiel des produits exportés en 2002, selon la direction générale des douanes. «Les exportations de bois sont restées performantes. Il apparaît une forte demande de produits finis et semi-finis pour le bois scié et une hausse du volume des transactions qui ont pu entraîner une augmentation de la production», souligne le rapport annuel de la direction générale de l’Economie. Le total des exportations de bois en grumes a été de 138,1 milliards de FCFA , alors que le bois scié a atteint 52,3 milliards de FCFA .

Quant au secteur de la pêche, un peu plus de 8.000 tonnes de poissons sont pêchées chaque année, pour des besoins avoisinant 24.000 tonnes, selon le ministère de la Pêche. La pêche artisanale participe pour 70% à la satisfaction des besoins locaux en produits halieutiques. Depuis 1997, le Japon participe activement à la mise en œuvre de la politique du gouvernement pour assurer la sécurité et l’autosuffisance alimentaire des populations. Un centre de pêche a été construit à Port-Gentil, grâce à un prêt non remboursable du Japon d’un montant de 4,8 milliards de FCFA (7,32 millions d’euros).

Doté de quelque 800 km de côtes maritimes, le Gabon recèle d’importantes ressources halieutiques qui sont valorisées par les pêcheurs togolais, béninois et nigérians, principalement. Depuis décembre 1998, le Gabon a aussi conclu avec des armateurs européens un accord de pêche au thon au large des côtes gabonaises. Des possibilités de pêche (9.000 tonnes de thon par an) ont été accordées à 75 navires industriels de la communauté européenne. La contrepartie financière globale était de 1,329 milliard de FCFA (2,025 millions d’euros), à laquelle se sont ajoutés des droits de pêche pour les armateurs européens fixés à 440 millions de FCFA en cas de capture effective de 9.000 tonnes de thon.


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