ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 462 - 15/09/2003

CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS


Zambie
La peine de mort


VIE SOCIALE


 

Le président Mwanawasa déclenche un débat animé sur la peine de mort

 

Le débat à propos de la peine de mort est revenu encore une fois à l’avant-scène, le président Levy Patrick Mwanawasa ayant refusé de signer les arrêts pour l’exécution de la peine capitale des personnes condamnées à mort. «Le président m’a donné l’ordre écrit de ne pas procéder à l’exécution des condamnés à mort, mais de changer leurs sentences en détention à vie», a dit le ministre zambien de l’Intérieur, le lieutenant-général Shikapwasha. Parmi ces condamnés qui bénéficient de la clémence du président, on compte 59 soldats qui avaient fomenté un coup militaire contre l’ancien président Frederick Chiluba. Ils sont enfermés dans la prison de haute sécurité de Mukobeko à Kabwe, au centre du pays.

Alors que le président Mwanawasa, un baptiste, semble favoriser la prison à vie plutôt que la peine de mort, son vice-président, le pasteur Nevers Mumba, un pentecôtiste, a des vues opposées. Avant sa nomination à ce poste, le 28 mai 2003, quand il était président de la Coalition nationale des citoyens (NCC , opposition), Mumba disait que le gouvernement a reçu de Dieu le pouvoir d’exécuter les condamnés à mort et que cette sentence doit être maintenue afin de dissuader les gens de commettre des crimes odieux.

La campagne contre la peine de mort

Beaucoup ne partagent pas l’opinion de Mumba. Parmi eux il y a beaucoup d’activistes des droits de l’homme et d’hommes de loi, pour qui la peine de mort devrait être abolie car manifestement opposée au droit à la vie, partie intégrante de la Constitution, et à la déclaration que la Zambie est un Etat chrétien. Ils affirment que «la peine de mort est barbare, cruelle et dégradante, et doit être remplacée par une punition plus humaine, même pour ceux qui ont commis des crimes odieux».

Ce sujet doit être présenté à la Commission de la révision de la Constitution (CRC). Mais on est particulièrement intéressé à la position que prendra l’Eglise catholique qui, depuis longtemps, se bat au premier rang pour l’abolition de la peine de mort. En 2000, par le biais de la Commission justice et paix (CCJP), l’Eglise catholique avait organisé une vigoureuse campagne contre la peine de mort, dans ses programmes à la radio et à la télévision, ainsi qu’une conférence nationale sur ce sujet, au centre de conférence international Mulungushi, à Lusaka. Depuis lors, il y a eu une accalmie dans le débat, jusqu’à ce que le président Mwanawasa le ravive en demandant qu’il fasse partie des points soumis au référendum populaire en vue de la nouvelle Constitution zambienne préparée par la CRC.

Le président Mwanawasa, lui-même avocat éminent, a fourni ainsi à la population la rare occasion d’examiner et de recommander s’il faut maintenir ou abolir la peine de mort dans la nouvelle Constitution. La validité de la peine de mort dans l’actuelle Constitution est stipulée dans la section 24 du code pénal. Mais, selon les experts, il y a un problème: bien que le droit à la vie en Zambie fasse partie intégrante de la Constitution, il y a eu tant de dérogations que sa valeur s’en retrouve très diluée.

Le CCJP

Le CCJP s’est réjoui du geste sans précédent du président Mwanawasa, qui reprend ce conflit constitutionnel autour de la peine de mort. «Le CCJP n’a pas rétracté ni changé sa position sur l’abolition de la peine de mort», a dit son directeur de programme, M. Joseph Kalunga Banda. «Nous nous inquiétons toujours des atteintes à la vie humaine et du manque de respect qui accompagne ces exécutions. Nous voulons continuer vigoureusement notre campagne pour que la population approuve l’abolition de la peine de mort et fasse connaître ses volontés à la CRC. Nous voulons aussi collationner les informations que nous avons obtenues dans nos programmes à la radio et à la TV et dans nos propres recherches. Ensuite nous préparerons notre document sur la peine de mort qui sera soumis au ministre des Affaires légales, M. George Kunda, pour étude. Nous continuerons également de discuter avec le gouvernement, maintenant qu’il est possible de le faire par le biais de la CRC. Et nous demandons au gouvernement de ratifier le second protocole de la Convention internationale sur les droits politiques et civils, qui soutient l’abolition de la peine de mort.»

L’Eglise catholique

Le père Clive Dillon-Malone, maître de conférences à l’université de Zambie, a publié un document intitulé: «La doctrine de l’Eglise catholique sur la peine de mort». Dans sa conclusion il écrit: «Aujourd’hui, l’Eglise catholique est arrivée, à la lumière de l’interprétation des Ecritures et de l’enseignement de la morale sociale traditionnelle, à clarifier sa position concernant la peine de mort. Tout le poids de l’enseignement de l’Eglise est contre la peine capitale, tout comme l’opinion publique croissante dans le monde qui réclame son abolition. Plus de cent pays l’ont déjà supprimée. On assiste à une sensibilité religieuse et à une conscience humanitaire croissantes qui dénient aux Etats le droit de prendre la vie de tout être humain comme punition pour des crimes tels que le meurtre, la trahison, le viol, etc., quel que soit le caractère odieux du crime commis. La préservation de la vie humaine, depuis la conception jusqu’au moment inévitable de la mort, peut sembler à certains difficile à atteindre. Et pourtant, l’Eglise pense que c’est un idéal pour lequel non seulement il vaut la peine de se battre, mais qui a aussi beaucoup d’implications pratiques pour le bien commun et pour la façon dont on comprend et traite la vie».

Ceux qui optent pour le maintien de la peine capitale feraient bien d’en prendre note.


SOMMAIRE FRANCAIS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS


PeaceLink 2003 - Reproduction authorised, with usual acknowledgement