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Mozambique |
ELECTIONS
Quelques informations sur le climat des prochaines élections
Après une longue période de guerre, les élections de l994 ont eu lieu dans une atmosphère de liberté et d’équité. Les préparatifs avaient commencé plus d’un an à l’avance, assurant une période électorale calme, malgré quelques récriminations ici ou là. Les antagonistes politiques cherchaient vraiment à construire la nation.
Maintenant, 2004 est tout proche. Les électeurs vont bientôt se mettre en file et encrer leurs doigts pour élire un dirigeant national qui prenne la barre et dirige le bateau de l’Etat pendant six années.
Au plan international, le Front de libération du Mozambique (FRELIMO ), au pouvoir, a une bonne renommée du fait que l’économie du pays connaît une croissance régulière depuis la fin de la guerre civile. Mais à l’intérieur du pays, il n’en est pas de même: le FRELIMO est considéré comme corrompu, dirigé par une bande de criminels qui assassinent ou intimident leurs ennemis.
Le facteur «MaGerman»
Aujourd’hui, le parti est sous surveillance, non pas de la part de l’opposition, mais bien de certains membres du parti mécontents: ils proclament haut et fort qu’ils ne voteront pas pour des criminels.
Que s’est-il passé? Au début des années 1980, quelque 21.000 jeunes avaient été envoyés dans ce qui était alors la République démocratique allemande (RDA), pour y travailler dans les usines. Cela faisait partie du plan de promotion du socialisme. La chute du communisme en Allemagne de l’Est, a mit brusquement fin à leurs contrats, les ramenant progressivement chez eux.
Mais personne n’avait informé ces travailleurs qu’ils avaient droit à des avantages sociaux, payés par l’Allemagne à leur arrivée au Mozambique. Cet argent était à leur disposition depuis 2001, mais les politiciens du FRELIMO, conscients de l’ignorance des destinataires, ont «transféré» cet argent à leurs propres comptes.
Quand finalement les jeunes gens ont appris qu’ils avaient été escroqués, éclata une «guerre de l’argent». Le groupe, devenu soudainement populaire, fut appelé les «MaGermans» (les Allemands). Ils ont commencé à descendre dans les rues de la capitale, en traitant le gouvernement de «voleur». Par après, ils ont mobilisé d’autres personnes dans les villes de province, et leur lutte pour le recouvrement de leur dû est devenue un problème national.
Honteux d’avoir été pris en flagrant délit, le gouvernement invite alors les leaders du groupe à un dialogue, où il s’avère que l’argent a de fait été détourné vers d’autres projets. Il s’engage à faire amende honorable et à rembourser l’argent par versements échelonnés.
Mais où est parti cet argent?
On arrive alors en 2002. Lors des célébrations du premier mai, les MaGermans, las d’attendre le remboursement de l’argent, perturbent les célébrations officielles, où le président Joaquim Chissano devait s’adresser à la nation. Leurs dirigeants sont appréhendés et, depuis lors, leurs exigences entrent dans le domaine politique.
L’affaire est portée devant le Parlement. Le parti de l’opposition, la Résistance nationale mozambicaine (RENAMO), mèna campagne pour que l’argent soit restitué sans délais. Cherchant à gagner les votes de ces anciens travailleurs (supposés être des partisans du FRELIMO), des députés RENAMO se rendent en Allemagne pour enquêter sur cette affaire et essayer de savoir combien avait été versé, et quand. Il apparut vite que les Allemands avaient versé l’argent depuis longtemps, et que cet argent n’avait pas été utilisé entièrement pour des projets du gouvernement, mais qu’il était aussi tombé dans certaines poches.
Le compte à rebours pour les prochaines élections a commencé et les MaGermans n’ont pas encore été payés. Le gouvernement n’a pas d’argent et s’est mis à contester le nombre des anciens travailleurs en RDA. Selon les autorités, il y aurait 16.000 bénéficiaires; selon les MaGermans, il y en a 21.000. Tout cela laisse présager pour le FRELIMO un avenir pour le moins incertain...
- Frederico Katerere, Mozambique, juillet 2003 — © Reproduction autorisée en citant la source
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