ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 463 - 01/10/2003

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Afrique occidentale
Améliorer la production de l’igname


DEVELOPPEMENT


L’Institut international d’agriculture tropicale (IITA),
créé au Nigeria il y a 36 ans, vient de réaliser un grand succès concernant l’igname, 
un produit agricole important en Afrique occidentale

Les scientifiques de l’IITA ont réalisé un réel exploit en développant de nouveaux génotypes d’ignames. Cette culture avait été négligée par la recherche agricole, malgré sa valeur nutritive et son importance économique et culturelle pour des millions de gens dans la sous-région. Aujourd’hui, l’igname a obtenu le statut de produit agricole de choix, et les recherches faites à son sujet sont comparables à celles sur le maïs, le blé, le riz, la graine de soja, etc.

L’igname

L’igname fournit plus de 200 calories par personne et par jour à plus de 150 millions de gens en Afrique occidentale, tout en étant pour eux une source de revenus. La production mondiale de l’igname blanche se monte à plus de 33 millions de tonnes par an. Le Nigeria en est le plus important producteur, avec 27 millions de tonnes par an. En Afrique occidentale, là où l’on produit l’igname, les gens y attachent d’importantes valeurs culturelles, surtout pour les mariages et d’autres cérémonies sociales et religieuses. Dans beaucoup de ces régions, igname et nourriture sont synonymes. On la mange sous différentes formes; le plus souvent broyée en farine, elle est mangée trois fois par jour. Malgré son énorme importance dans l’agriculture de la sous-région, sa culture a pourtant été négligée lors des prises de décisions concernant la recherche, la production et la commercialisation. Le prix élevé de sa plantation et de la main-d’œuvre impliquée en gênent souvent la production.

Les plants

La production d’ignames est sujette à l’érosion génétique. Dans les pays qui connaissent la guerre ou des troubles civils, les fermiers ne peuvent pas se permettre de faire pousser et de conserver les tubercules améliorés pour la replantation. Normalement, ils doivent réserver au moins un quart de leur récolte pour que ces plants puissent servir à la prochaine récolte. Mais dans les cas de détresse, ils puisent souvent dans ces réserves pour survivre et mangent tout.

Pour avoir une bonne qualité d’ignames pour la vente, les fermiers doivent planter de bons plants. Alors, en général, ils gardent les mauvais plants pour eux-mêmes et vendent les bons pour obtenir un meilleur prix.

Les plants d’ignames sont normalement conservés en terre. Mais ils doivent d’abord être coupés en morceaux d’environ 1 kg et plus, enduits de sciure de bois, et recouverts de terre jusqu’à la prochaine saison de plantation, quand la dormance des plants est interrompue et qu’ils commencent à germer. Ils sont alors déterrés pour être transplantés dans les champs.

Toutefois, étant encore en terre, les plants sont sujets aux attaques des nématodes (un ver minuscule, presque invisible) et d’autres maladies. De plus, si la chaleur est trop élevée, les plants peuvent pourrir, surtout si la saison sèche se prolonge. Tout ceci implique des coûts importants, et c’est pourquoi beaucoup de fermiers préfèrent d’autres cultures vivrières, tels que le manioc, le maïs, le riz, etc.

Améliorer la qualité

Les scientifiques de l’IITA ont fait de remarquables progrès dans la production conventionnelle de l’igname. L’institut a rassemblé de nouveaux génotypes qui améliorent les qualités de floraison et qui peuvent être utilisés par les fermiers pour produire de nouvelles variétés.

«Après plus de 20 ans de travail de recherche, nous sommes maintenant à même de combiner divers gènes de différents génotypes, pour arriver à un nouveau produit qui a toutes les qualités acceptables», dit le Dr. Robert Asiedu (Ghanéen), qui considère ses efforts comme un engagement personnel pour assurer le développement de cette culture si importante pour sa région. (Le Ghana est un grand producteur d’ignames).

La technologie de production de petits plants d’ignames fut la première principale et ambitieuse tentative réalisée par l’IITA et de l’Institut national de recherche pour la culture des racines comestibles (NRCRI) en vue de promouvoir la production des ignames au Nigeria. C’est une approche pragmatique pour résoudre la pénurie des plants, considérée comme le problème principal à la production des ignames. La technique des mini-plants a été pratiquée depuis des années par des fermiers dans l’est du Nigeria, mais elle n’a été vulgarisée que vers la moitié des années 1980, quand l’IITA, en partenariat avec le NRCRI, travailla à l’améliorer et la transmit ensuite aux fermiers.

La nouvelle technologie

Cette technique consiste à découper une igname mère, saine et viable, en morceaux d’environ 50 gr, puis de les faire germer afin d’obtenir des bébés ignames tout aussi sains, qui prendront la place des plants originaux et produiront des tubercules plus grands. Cela se fait en plusieurs étapes:

Cette forme de production a plusieurs avantages. Elle assure la production uniforme d’ignames mères saines; la production d’un plus grand nombre de plants par hectare; de meilleurs sites pour la production commerciale; la rapidité de la multiplication des ignames. Elle est aussi plus rentable. En se servant de la technique des mini-plants, le fermier peut aisément développer sa ferme. Ceci vaut surtout pour les grands producteurs.

Tous ces développements laissent présager que la culture de l’igname s’étendra bientôt sur le reste du continent africain, notamment en Afrique orientale et centrale.


NOTE= L’IITA a été fondé au Nigeria le 24 juillet 1967, comme un centre international de recherche et de formation d’agriculture, en vue de répondre aux besoins de la population de l’Afrique subsaharienne.


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