ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 463 - 01/10/2003

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 Zimbabwe
...mais il n’y a pas de liquidités


VIE SOCIALE


Les banques doivent faire face à un grand manque de liquidités
causé sans doute par le haut niveau d’inflation

Langton Nyagumbo fait la queue depuis 4 heures du matin. Il est midi, et il n’a pas encore pu obtenir la moindre petite somme. La banque dit qu’il n’y a pas d’argent... Quand il a de la chance, il peut retirer 5.000 Z$ (=6,145US$ – 1US$ = 816,93 Z$, au 18 sept 2003 – ndlr): pas assez pour acheter les produits de base. Les gens font la queue pendant des heures pour des billets rationnés, sans valeur. Tant que la situation monétaire ne s’améliorera pas, chacun ne recevra que quelques misérables 5.000 Z$.

Les banques font de leur mieux pour surmonter ce manque de liquidités, causé sans doute par le haut niveau d’inflation. Autrefois bastion de l’économie, elles doivent aujourd’hui faire front à leur plus gros problème. Et cela dure déjà depuis deux mois, affectant aussi la production, car les travailleurs doivent faire la file pour retirer un peu d’argent.

Le gouvernement prétend avoir injecté en juin dernier de vastes sommes dans le circuit monétaire; mais on n’en voit pas de traces, de sorte que, début août, il a dû prendre de nouvelles mesures.

Les raisons? – On a avancé beaucoup de théories pour expliquer cette crise. Selon certains, de grosses sommes en devises auraient disparu dans les pays voisins – les coupables seraient des marchands et autres opérateurs informels. D’autres rejettent la faute sur les Zimbabwéens vivant à l’étranger qui n’enverraient pas assez de devises étrangères chez eux.

Emmanuel Doroh, économiste des holdings financiers du Zimbabwe, soutient que le secteur bancaire zimbabwéen est menacé d’effondrement parce que les gens n’ont plus confiance en lui. La crise a été avivée par l’inflation (actuellement de quelque 400%), qui a nécessité l’introduction de billets de banque de grosses valeurs: le billet de Z$50 en 1994 et celui de Z$100 en janvier 1995.

Les financiers sont très peu impressionnés par les mesures prises par le gouvernement: elles sont insuffisantes et inadaptées. Annonçant ces mesures fin juillet, le ministre des Finances et du Développement économique disait que le manque de liquidités provenait du fait que le gouvernement n’avait pas imprimé assez de billets pour répondre au haut niveau d’inflation. Et il ajoutait que, à partir du mois d’août, il serait défendu de faire sortir des devises du pays. La banque centrale a aussi introduit des traveller’s chèques pour réduire la demande d’argent.

Mais Emmanuel Doroh reste convaincu que, tant que l’inflation n’est pas sous contrôle, l’impression de billets ne résoudra pas la crise – elle ne fera qu’aviver l’inflation. Le prix des produits de base ne fait que monter. Pour beaucoup, la farine de maïs et le pain sont hors de portée. Il y a quelques mois un pain coûtait 100 Z$; maintenant il en coûte plus de 1.000.

Sans doute, Langton Nyagumbo devra faire la file encore longtemps pour obtenir de l’argent liquide!


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