ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 464 - 15/10/2003

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Congo-Brazzaville
En panne d’eau potable


VIE SOCIALE


Au Congo-Brazzaville, une bonne partie de la population
est privée d’accès à l’eau potable

Dans les quartiers périphériques de Brazzaville et de Pointe-Noire, les ménages ont recours aux points d’eau traditionnels souvent pollués.

En zone rurale, les populations s’approvisionnent à partir de cours d’eau, de fûts recueillant la pluie, de puits et de sources. En tout cas, la corvée d’eau occupe une bonne partie du temps de travail de la femme.

«Regarde mes mains, elles sont dures comme celles des hommes. Tout ça à cause des corvées d’eau. Chaque jour, il faut se taper de longues distances pour chercher de l’eau dans les puits avec des récipients sur la tête et à la main». Exaspérée, Mélanie Boniambé n’y peut malheureusement rien pour le moment.

Comme de nombreuses femmes des quartiers périphériques au nord de Brazzaville, elle doit se lever à l’aube pour espérer avoir de l’eau dans des forages privés comme Kenakole, Ebosso, Bouya, ou au chantier du CRTV (Centre de radio et télévision, en construction). Et ce n’est pas gratuit: un bidon de 25 litres, qui a d’abord servi au stockage d’huile de cuisine, coûte entre 75 et 100 CFA chez les particuliers, 50 FCFA au chantier de la radio.

Le spectacle est le même dans les quartiers périphériques sud, où les ménages vont aux différents points d’eau. Mais la situation est bien plus difficile pour les familles nombreuses. Les besoins en eau, potable ou non, vont bien au-delà des maigres réserves disponibles. N’ayant pas assez d’argent pour acheter de l’eau tous les jours, les femmes vont la puiser dans des rivières polluées, qui propagent le choléra, ou dans des sources cachées au pied des montagnes environnantes.

Des décès dus à l’eau

Des enquêtes récentes estiment que 80% des maladies et plus d’un tiers des décès dans les pays du Sud sont dus à l’eau contaminée. Le représentant de l’OMS au Congo, le Dr Lamine Cissé Sarr, lors de la célébration de la journée mondiale de la santé, le 7 avril dernier, a parlé dans le même sens. Une étude réalisée en janvier-février 2003 dans les écoles des quartiers périphériques de Brazzaville, a-t-il expliqué, a révélé que «le cadre de vie des enfants est particulièrement défectueux. Ceci est caractérisé par le manque d’eau et d’installations sanitaires hygiéniques».

Ingénieur en eau, Médard Adongui renchérit: «L’eau est une denrée de première nécessité. Quand les enfants sont privés d’eau assainie, leur santé et leur développement sont menacés».

Encore loin des objectifs

La situation dans la capitale n’est pas gaie non plus. Plusieurs quartiers du Plateau, à Poto-Poto, de Mfilou à Moukondo, sont souvent privés d’eau: «Comment peut-on se développer sans eau?», se demande Papa Pierre, qui regarde le robinet où l’eau ne coule plus depuis plus de quatre ans.

Selon le rapport du PNUD sur le développement humain 2002, une évaluation effectuée en 1996 dans le cadre de l’Initiative Afrique 2000, estimait à 69% le taux de desserte en eau potable en milieu urbain au Congo, et à 11% en milieu rural. Seulement 40% de la population urbaine et 9% de la population rurale bénéficiaient en 1996 des services et ouvrages d’assainissement.

Ces chiffres sont encore loin des objectifs définis lors du lancement de la décennie de l’Eau potable et Assainissement (1980-1990), à savoir un taux de desserte de 100% en milieu urbain et de 50% en milieu rural.

Il faut également souligner qu’à Brazzaville, outre la faible production des deux installations d’eau de la Société nationale de distribution d’eau (SNDE) à Djoué, au sud de la ville, et à Djiri, au nord, on a repéré des fuites importantes de l’ordre de 30% sur le réseau déjà vétuste. Les Brazzavillois habitant près de ces points de fuites, y puisent de l’eau à boire, pour cuisiner et pour se laver.

Même situation à Pointe-Noire, la capitale économique et pétrolière, à 510 km au sud de Brazzaville. Le fonctionnement de la SNDE est loin d’être optimal, d’où des faibles débits et des fuites sur le réseau. Une analyse bactériologique a révélé une eau impropre à la consommation, souligne le rapport du PNUD.

Chemin de croix pour la femme

La corvée de l’eau est un véritable chemin de croix pour la femme, déjà tellement occupée. Brigitte Louzingou, femme de ménage dans le quartier huppé de l’Och à Brazzaville, en sait quelque chose.

«Il y a quelques jours, j’étais allée chercher de l’eau non loin de la maison où je travaille. Non seulement j’avais beaucoup de récipients, mais il y avait du monde autour de l’unique robinet. Il fallait donc attendre mon tour. Pendant ce temps, le patron m’a remplacée constatant que le bébé était resté seul. A mon retour il a failli me tuer. Pourtant l’enfant dormait. Qu’aurais-je dû faire alors? Il n’y avait pas d’eau dans la maison», explique-t-elle ahurie.

Tout ceci favorise souvent la propagation de choléra et diarrhée chez les enfants, et expose les consommateurs, même adultes, à des maladies d’origines hydriques.


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