ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 464 - 15/10/2003

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 Congo RDC
Le barrage d’Inga


DEVELOPPEMENT


Le barrage hydroélectrique d’Inga reste l’une des clés incontournables pour l’avenir de l’Afrique

Au début du mois de juin 2003, les huit pays les plus industrialisés du monde (G-8) ont renouvelé à Evian leur soutien au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), en présence des présidents Thabo Mbeki (Afrique du Sud), Abdoulaye Wade (Sénégal), Olusegun Obasanjo (Nigeria), Abdellaziz Bouteflika (Algérie) et Hosni Moubarak (Egypte). Par ses potentialités énergétiques exceptionnelles, le barrage d’Inga en République démocratique du Congo (RDC), déjà au service de certains pays africains par le biais de la province du Katanga, reste l’une de clés incontournables pour le succès du NEPAD.

Quand on parle aujourd’hui de la RDC, on pense surtout à ses fabuleuses richesses minières, à ses vedettes de la chanson, ou aux atrocités de la guerre. Mais on ne parle pas souvent du fait que la RDC dispose de la plus grande centrale hydroélectrique de l’Afrique, une des solutions aux problèmes du sous-développement du continent. Inga se trouve à 150 km de l’embouchure du fleuve Congo, dans la province du Bas-Congo, près de Kinshasa. Les potentialités énergétiques de toute la RDC sont estimées à environ 100.000 MW (mégawatts). Selon des études de la Banque mondiale, près de 44% de ces ressources sont concentrés au barrage d’Inga.

Les priorités du NEPAD

Le NEPAD a retenu dix priorités sur lesquelles devraient être concentrés les efforts de développement de l’Afrique avec l’appui des bailleurs de fonds occidentaux. Est-il trop osé d’affirmer le rôle d’Inga dans leur réalisation? Non. A titre d’exemple, la neuvième priorité du NEPAD rappelle que l’énergie naturelle exploitable fait partie intégrante du développement. Dans ce cadre, les pays africains envisagent la construction d’oléoducs et de gazoducs permettant la production d’énergie électrique dans des pays qui n’en disposent pas.

Les infrastructures et les Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) figurent également parmi les dix priorités du NEPAD. Les routes, les chemins de fer, les aéroports sont des éléments des coûts de production qui pèsent sur la compétitivité des produits, mais qui sont aussi créateurs d’activités économiques. Et, selon le NEPAD, l’accès aux NTIC doit être assuré aux populations africaines dès la petite enfance, et étendu à toutes les activités: agriculture, industrie, transports, éducation, services et échanges. Mais pour réaliser ces priorités, il faut de l’électricité. «Sans chemin de fer, le Congo ne vaut pas un penny», disait Henry Morton Stanley à la fin du 19ème siècle. Ces propos de l’explorateur anglo-américain pourraient bien être paraphrasés aujourd’hui au sujet du NEPAD: «Sans la centrale hydroélectrique d’Inga, le NEPAD est voué à l’échec».

Réalisations

Feu Mobutu n’a pas attendu le NEPAD pour approvisionner en électricité, à partir d’Inga, certains pays africains en vue de développer leurs infrastructures et leurs industries, et même pour sauver leur environnement menacé par la déforestation à la suite de la quête du bois de chauffe. Grâce à la coopération occidentale, la centrale hydroélectrique INGA I de 351 MW a été mise en marche en 1972, celle d’INGA II de 1.424 MW en 1982. Un politicien katangais — aujourd’hui paralysé à Lubumbashi après avoir connu des tortures dans les prisons du Bas-Congo pendant le régime de Mobutu — parle d’Inga: «Je ne porte pas dans mon cœur le dictateur Mobutu qui a causé beaucoup de torts à ce pays. Mais pour avoir réalisé cette œuvre gigantesque d’Inga, je lui ai toujours jeté des fleurs. Il avait une vue d’aigle». Et un informaticien de la ville zambienne de Chingola affirmait en juillet 2003: «Notre pays est en train de refouler les Congolais sans-papiers comme des chiens. Nous oublions que sans le courant électrique d’Inga, notre économie, qui dépend surtout des mines et de l’agriculture, battrait de l’aile».

Le Katanga, région la plus industrialisée de la RDC, se trouve à plus de 2.000 km d’Inga. Entre 1972 et 1985, on a contruit un électroduc entre le Bas-Congo et le Katanga. Sur base des anciens accords de coopération, renouvelés en 1992 et en 1997, la RDC, par le biais de la SNEL (Société nationale d’électricité), exporte le courant électrique d’Inga par interconnexion vers la Zambie, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud. Appelé «corridor oriental», cet axe parcourt environ 2.000 km à partir du Katanga jusqu’en Afrique du Sud. Transporté par ligne à haute tension, le courant part de la ville minière de Kolwezi et passe par Karavia (Lubumbashi), Luano (nord de la Zambie), Kariba (sud de la Zambie), Insukamini (sud du Zimbabwe) et Phokoje (Botswana) pour arriver en Afrique du Sud par la station de Matimba.

En mission de service dans la cité katangaise de Kasenga, en mai 2003, l’ingénieur zambien Nevers Bwalya expliquait à la presse: «Les 220 KV (kilovolts) que nous importons de la RDC servent principalement à faire tourner les mines et à développer l’agriculture irriguée dans notre pays où, grâce à Inga, nous n’enregistrons jamais des coupures de courant». Il ajoutait qu’une étude de faisabilité pilotée par les compagnies d’électricité SNEL, ZESCO (Zambie) et ESKOM (Afrique du Sud), a été présentée en septembre 1996 au comité exécutif du SAPP (South African Power Pool) à Kinshasa, pour la construction d’une nouvelle ligne de 220 KV entre Karavia et Luano, ainsi qu’une deuxième de 330 KV. Mais la guerre retarde tous ces projets qui devraient doubler la capacité de l’énergie en Zambie et en Afrique du Sud. Selon le Business Day paru à Johannesburg le 16 juin 2002, la compagnie sud-africaine ESKOM interconnectera le courant du Grand Inga à la Tanzanie, au Malawi et au Kenya.

Projets

Depuis 1995, la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe, dont la RDC est membre) a mis sur pied le SAPP pour accélérer la coopération énergétique en Afrique australe. Sont membres du SAPP: la SNEL, la ZESCO, l’ESKOM, l’ENE (Angola), la ZESA (Zimbabwe), la BPC (Botswana), l’EDM (Mozambique) etc.

Selon l’ingénieur Bwalya, c’est compte tenu du potentiel hyroélectrique du barrage d’Inga dans le développement de l’Afrique, que les bailleurs de fonds, dont la Banque mondiale, ont accédé à la demande des Africains de financer INGA III (entre 1.700 et 3.500 MW) et le Grand Inga (39.000 MW au stade final). La réalisation de ce projet permettra la réalisation du corridor d’interconnexion du courant d’Inga vers le nord de l’Angola, la Namibie, le Congo-Brazzaville, et le Nigeria. A partir du Nigeria, toute l’Afrique de l’Ouest sera connectée au courant d’Inga. Bien plus, cela permettra de réaliser également le projet ambitieux de transporter le courant d’Inga de la RDC en Egypte (5.300 Km) en passant par la Centrafrique, le Tchad et le Soudan. De l’Egypte, ce courant atteindra l’Algérie, la Tunisie et le Maroc.

Combien coûtera ce projet d’interconnection du nord de l’Afrique, piloté par la Banque mondiale, le Groupe EDF (France), Lahmeyer( Allemagne), etc? A en croire un haut cadre de la SNEL, la réalisation d’ici 2010 de l’axe Afrique du Nord coûtera 6.763 millions de dollars, et la construction du Grand Inga 4.025 millions. Quant à la construction de l’axe sud (Afrique australe), elle coûtera 560 millions de dollars.

Le Rwanda et le Burundi ne sont pas mis à l’écart de ce projet. Pour l’ingénieur Alex Ngoy, le courant d’Inga sera aussi un facteur de paix en Afrique: «Depuis 1970, le Burundi et le Rwanda importent du courant de la centrale congolaise de Ruzizi au Kivu. Grâce au courant d’Inga toute l’Afrique respectera la souveraineté de la RDC pour ne pas hypothéquer son développement dans le cadre du NEPAD».


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