ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 465 - 01/11/2003

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 Congo-RDC
Espoirs et inquiétudes


POLITIQUE


Les conditions de réussite de la transition

La République démocratique du Congo sort péniblement et progressivement d’une période très troublée de son histoire. Après avoir vécu une dictature déshumanisante qui a décimé la population, le pays a entamé enfin la période de transition et s’est engagé vers sa démocratisation, sa pacification et son développement durable. Mais il y a des conditions pour que cette période de transition aboutisse à des résultats satisfaisants.

Objectifs essentiels de la transition

Le principal objectif assigné à la transition est la réunification, la reconstruction du pays, la restauration de l’intégrité territoriale et le rétablissement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du pays. A cela s’ajoute la réconciliation nationale et la formation d’une armée intégrée et restructurée. Mais c’est surtout l’organisation des élections libres et transparentes à tous les niveaux, et cela au terme de 24 mois, qui doit permettre la mise en place d’un régime constitutionnel démocratique.

Plus que tout autre objectif, en effet, l’organisation des élections constitue le baromètre de l’évaluation de la transition. Plus ces élections seront libres et transparentes, plus on dira que la transition est une réussite. Mais pour préparer et organiser ces élections dans les délais et pour qu’elles soient réellement libres et transparentes, il faut que toute la nation se mobilise en conjuguant les efforts. Il y a pour cela quelques faits qui inspirent confiance.

Les faits encourageants

Plusieurs faits inspirent la confiance et justifient la marche de la RDC vers l’avènement d’un Etat de droit, c’est-à-dire vers l’érection d’une nation démocratique qui préserve et respecte les droits fondamentaux des citoyens, enracine et sauvegarde la paix et travaille pour son développement. Au nombre de ces faits, il y a la promulgation de la Constitution de transition, la prestation de serment par le président de la République, la promulgation de la loi sur l’amnistie pour les infractions politiques et d’opinion. Mais c’est surtout la mise en place du gouvernement de transition et l’installation des institutions d’appui à la démocratie qui ont permis le démarrage effectif de la transition.

Bien que le gouvernement avec ses 36 ministres soit éléphantesque et que les deux Chambres et les institutions de soutien à la démocratie soient budgétivores, le pays s’est engagé dans une étape irréversible de sa paix et son développement.

Les institutions d’appui à la démocratie qui viennent d’être installées par le Parlement de transition, comportent: une Commission électorale indépendante; un Observatoire national des droits de l’homme; une Commission vérité et réconciliation; une Commission de l’éthique et de lutte contre la corruption.

La réunification du pays est de plus en plus effective, nonobstant des tensions sporadiques dans l’est. La voie fluviale entre Kinshasa et Kisangani est ouverte et les voies aériennes entre la capitale et l’est sont libérées. Le programme de reconstruction du pays, appuyé par les institutions financières internationales, est déjà annoncé. Les partis politiques qui étaient inclus dans le partage du pouvoir sont instamment priés de rejoindre les autres pour bien préparer les élections. Certains partis, comme le PPRD de Kabila, battent déjà campagne en sourdine.

Il convient de noter que l’évolution positive de la situation politique du pays est fonction de la pression extérieure faite par la communauté internationale: l’Onu, l’Union européenne et l’Union africaine. Les hommes politiques congolais démontrent un manque de volonté pour mettre fin à la misère de la population. De son côté la société civile qui pouvait servir de plate-forme de mobilisation de la population n’est pas en mesure de jouer un rôle efficace, car elle est malade, divisée et affaiblie.

La population elle-même est restée engloutie dans sa léthargie et son attentisme. Subissant tout et acceptant naïvement les événements, elle laisse les dirigeants suivre leurs caprices sans marquer son influence au processus de transition. Dans une telle situation, il est évident que la transition pourrait durer indéfiniment.

Les éléments qui inquiètent

Les éléments négatifs qui risquent de faire échouer la transition sont multiples. En voici quelques–uns: la mauvaise interprétation de l’Accord global et de la constitution de la transition; la violation régulière de ces mêmes textes; le retour massif et intempestif des anciens dirigeants du régime dictatorial de Mobutu; la présence dans le gouvernement de transition de personnes qui ont pillé des ressources naturelles et économiques du pays; la présence déplorée par toute la population de personnages de nationalité douteuse dans les institutions de la transition; le retour en force du tribalisme, du clientélisme et de la corruption; l’installation somptuaire des 66 membres du gouvernement, soit environ 10 millions d’euros...

La plus grande inquiétude vient de la passivité de la population congolaise, dont la majorité ne s’intéresse pas à la gestion de la chose publique. Beaucoup de gens ignorent leurs droits de citoyen, les notions élémentaires de la démocratie, le fonctionnement de l’Etat et des partis politiques. Une telle attitude est préoccupante pour un peuple en quête d’un Etat de droit et qui se veut acteur principal de son développement. Les risques d’une nouvelle dictature, avec la soumission de la population, sont manifestes. Quelques faits probants le montrent à suffisance, notamment des cas d’achat de consciences, de clientélisme et de mobilisation politique. Pour 300 FC (0,7 euro), des gens de Kinshasa ont été mobilisés pour aller accueillir Jean-Pierre Bemba à son arrivée à Kinshasa pour participer au gouvernement.

L’éducation civique de la population s’avère donc une exigence et une urgente nécessité. Une éducation qui fera naître une mentalité renouvelée et réarmée, socle d’un développement auto-promotionnel et durable.

Les conditions de réussite

La première condition, d’après les analystes, pour que la transition réussisse, c’est la bonne foi des animateurs de la transition afin qu’ils respectent et appliquent l’Accord global et la Constitution de la transition. A cette première condition s’ajoute celle de vulgariser les mêmes textes pour que la population les connaisse et suive leur application. Il faut également que les institutions d’appui à la démocratie fonctionnent vraiment d’une manière indépendante.

Accompagner la population dans ses efforts pour suivre et surveiller le processus de la transition, constitue une condition essentielle. L’Eglise catholique vient de mettre sur pied un programme stratégique pour cet accompagnement.


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