ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 466 - 15/11/2003

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Gabon
Exploiter le diamant pour remplacer le pétrole


ECONOMIE


L’exploitation des gisements diamantifères du Gabon
fait renaître l’espoir d’une reprise économique,
en attendant la découverte de nouveaux champs pétroliers

Alors que la situation économique du pays est alarmante et qu’un accord triennal avec le Fonds monétaire international (FMI) a été reporté, la découverte d’importants gisements diamantifères au sud du pays a conduit les autorités à proclamer que le Gabon n’est pas exclusivement un pays pétrolier et que l’exploitation des ressources minières permettront de redresser sa situation économique.

Sur avis des représentants des Etats-Unis, le conseil d’administration du FMI a imposé à ce petit pays pétrolier d’un peu plus d’un million d’habitants, un programme de surveillance jusqu’à fin 2003. Depuis avril 2002, le Gabon se trouve en désaccord avec le FMI. Le 13 juin dernier, le pays avait envoyé une lettre d’intention en vue de la signature d’un programme d’ajustement structurel triennal, appuyé par une facilité de crédit élargi. Selon une source officielle, Libreville tablait sur la signature rapide de cet accord pour pouvoir renégocier dès cet automne sa dette extérieure, majoritairement détenue par la France, avec les créanciers du Club de Paris. Mais sa signature a été freinée par les représentants américains au FMI, suivis par leurs collègues britanniques et danois, qui militent pour que le Gabon soit soumis à une période probatoire supplémentaire de six mois et ont imposé à la partie gabonaise des conditions renforcées.

Exploiter rapidement le diamant

Les autorités gabonaises comptent sur une exploitation rapide, d’ici 2004, du vaste potentiel minier du pays pour atténuer la chute des revenus provoquée par la baisse de la production pétrolière et par l’absence de nouvelles découvertes. Elles affirment que les recettes minières constitueront bientôt l’essentiel des revenus hors pétrole.

«L’exploitation des ressources minières du pays va préparer l’après pétrole. Le Gabon n’est pas exclusivement un pays pétrolier, il compte d’abondantes ressources naturelles», a déclaré René Ndemezo’o Obiang, ministre chargé des Relations avec le Parlement. Il a précisé que «si la baisse tendancielle de la production pétrolière se poursuit, la situation économique d’ici 2004, sera marquée par une inversion historique: pour la première fois, les ressources issues du pétrole seront inférieures aux autres ressources».

Le sous-sol gabonais regorge d’or, de fer, de diamant, de manganèse, d’uranium, de plomb, de zinc, de platine, de nickel, d’étain, de phosphate, de niobium, de magnésium, de potasse, de marbre, etc.

Mais pour valoriser ces ressources minières, il faut créer des industries et acquérir du matériel adapté pour l’extraction des minerais, sans compter le personnel qualifié à former rapidement. Grâce au département minier sud-africain, le Gabon dispose depuis 2001 de cartes géologiques et métallogéniques qui font état du potentiel et de la répartition des mines à travers le pays.

«Pour relancer les travaux en zone minière, le Gabon compte sur une aide de 3,9 milliards de FCFA qui proviendrait de l’Union européenne, pour un programme pluriannuel de financement de projets de développement sous la forme d’un appui institutionnel, de réhabilitation environnementale (…)», précise le communiqué du conseil des ministres publié dans la presse le 7 octobre dernier.

C’est l’exploitation du diamant qui constitue la priorité pour le gouvernement. Southernera a été désignée pour explorer et exploiter le diamant sur lequel le Gabon fonde de sérieux espoirs pour casser le déclin pétrolier. Après la découverte récente par De Beers et Southernera de gisements diamantifères, une lueur d’espoir renaît et le Gabon voudrait voir émerger une industrie du diamant.

Une industrie à construire

Selon le ministre gabonais des Mines, Richard-Auguste Onouviet, “les découvertes sont très encourageantes sur plusieurs minerais, mais celles du diamant retiennent l’attention du gouvernement. Le potentiel mis à jour par ces deux sociétés est très important et laisse espérer l’émergence rapide d’une industrie du diamant au Gabon”.

Le gouvernement a demandé récemment au ministre de poursuivre avec les sociétés minières concessionnaires ce programme de travail si important pour le développement du pays.

En Afrique centrale, le diamant est produit en République démocratique du Congo (RDC) et en République centrafricaine. L’Australie, l’Union soviétique, la RDC, le Botswana et l’Afrique du Sud sont les principaux producteurs de diamant brut.

Mais d’autres gisements alluvionnaires et pipes de kimberlites ont été découverts en Afrique, spécialement en Namibie, Angola, Tanzanie, Ghana, Sierra Leone, Liberia, Cameroun et Zimbabwe. Les Etats-Unis absorbent 60% de la production mondiale.

En juillet 2002, la société canadienne Southernera Resources Limited avait obtenu de l’Etat gabonais un permis pour la prospection de diamant, d’or, de platine, de cuivre et de nickel. Spécialisée dans le diamant et les métaux du groupe platinoïde, et occupant en Afrique du Sud le second rang dans l’exploitation minière, elle a débuté au Gabon en 2003, mais elle y est représentée depuis 1999.

Selon les estimations, De Beers extrait de ses mines ou acquiert, via ses bureaux d’achats, 60% à 80% de la production mondiale. Les plus gros producteurs (en Australie, Afrique australe et Russie) sont liés à la firme par un contrat de fournitures, indexées sur ses ventes, ce qui limite les risques d’excédents de production.

Si les ventes baissent, ce sont ces mines qui en subissent le contrecoup. Contrepartie: en temps de crise, De Beers maintient les prix en achetant les pierres plus cher que le coût moyen.

Les autres producteurs de diamant


  • L’Angola, autre producteur important, exporte près de 2 millions de carats de diamants de bonne qualité, mais sa situation politique incertaine a mis un frein à une prospection et à une exploitation efficaces. Avec la signature du récent traité de paix, l’Angola deviendra certainement un acteur majeur sur le marché international.

  • Le Ghana a toujours produit plus de diamants que ses autres voisins d’Afrique de l’Ouest, mais en pierres de petite taille. Leur valeur varie de 10 à 20 USD le carat, contre les 250 et 300 USD le carat pour les pierres de Sierra Léone où des diamants d’exceptionnelle grosseur et qualité sont produits depuis 1935.

  • Le Liberia, petit producteur, représente un cas à part. La plupart des diamants exportés de ce pays jusqu’à mi 2002, ont donné naissance à l’appellation «diamants du sang» ou «diamants de la guerre». Cette appellation signifie des pierres vendues par les gouvernements ou les rebelles pour financer leurs campagnes de guerre, principalement en Sierra Léone. Dans un sens plus large, cette désignation a été appliquée aux diamants d’Angola et de la République démocratique du Congo.

  • La communauté internationale, concernée par l’impact négatif sur le consommateur, a pris des mesures, signées à Interlaken en Suisse, par plus de 50 pays impliqués dans le commerce du diamant, pour faire cesser ce trafic armes contre diamants. Ce protocole d’accord, connu sous le nom de Kimberley Process, à pris effet le 1er janvier 2003. Il prévoit un système de certification indépendant pour retracer l’origine réelle des pierres. Les récents traités de paix en Angola et le retrait des troupes étrangères dans la République démocratique du Congo devraient mettre fin à ce type d’échanges. Les centres de taille sont disséminés autour du monde, principalement en Belgique, Inde, Israël, Afrique du Sud, Thaïlande, Chine et aux Etats-Unis. 

                                                                                                                                                              (A.L., Gabon)


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