ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 467 - 01/12/2003

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Nigeria
43 années d’indépendance


POLITIQUE


Déceptions, regrets et espoirs

Le Nigeria vient de célébrer, le 1er octobre, son 43e anniversaire comme Etat souverain. Cela s’est passé en toute discrétion. Le temps était plutôt à la réflexion, car après ces 43 années, le pays ne peut pas se glorifier d’un développement socio-économique et technologique, bien que doté de ressources humaines, naturelles, agricoles et minérales. Stratégiquement, il peut même influencer tous les autres pays africains, grâce à sa grande population et à son énorme richesse minérale.

Déceptions et regrets

Doté enfin d’un gouvernement démocratique, en 1999, sa population, lasse des régimes militaires, reprenait espoir. Une fois élu, le président Olusegun Obasanjo avait viré toute la classe militaire jusqu’alors au pouvoir. Ravis, les Nigérians se mirent à espérer des jours meilleurs.

Mais, avec le second mandat d’Obasanjo en mai 2003, le doute s’est installé. La victoire du Parti démocratique populaire (PDP), avec une majorité écrasante, a laissé la population perplexe, se demandant ce qui avait bien pu se passer. L’opposition et les observateurs internationaux ont bien dénoncé des fraudes massives en faveur du PDP; mais rien n’a changé. Les Nigérians attendaient la suite.

Cinq mois se sont écoulés, et les Nigérians attendent toujours... Dans le pays, on ne voit que détresse économique et tribulations pathétiques. Le naira (monnaie locale) connaît une dévaluation constante, rendant les Nigérians toujours plus pauvres. Les familles à maigres revenus vivent à l’enseigne de la famine, la malnutrition, les maladies, les conditions de vie insalubres. Bien qu’à la sixième place des pays producteurs de pétrole, le Nigeria reste un des pays les plus pauvres au monde.

Corruption – La campagne anti-corruption lancée par le gouvernement doit encore donner des résutats. Au lieu de rapports indiquant que la corruption a diminué, les journaux ne font que parler de malversations financières de la part du gouvernement. Lors de l’installation d’un gouvernement démocratique en 1999, l’administration d’Obasanjo avait présenté à l’Assemblée nationale un projet de loi pour la création d’une Commission indépendante contre la corruption (ICPC). Cinq années se sont écoulées depuis; mais personne n’a encore été condamné pour corruption. Tout le monde en déplore les effets négatifs sur l’économie, mais personne n’ose la combattre ouvertement.

Criminalité et insécurité – Des groupes criminels semblent avoir la haute main dans les grandes villes. Les exemplees ne manquent pas. Jusqu’à hier, Alhaji Ahmadou Tidjani terrorisait la population à la tête de bandes armées venant du Bénin. Il a fallu les efforts combinés de la police nigériane et de celles du Bénin et du Mali pour l’arrêter loin, à Bamako, au Mali. Ses crimes ont fait douter les Nigérians de l’efficacité du système de police de leur gouvernement. A un certain moment, la situation était si grave, que le pays a dû fermer ses frontières avec le Bénin.

Ces dernières années, plusieurs hautes personnalités nigérianes ont été tuées; Bola Ige, ancien ministre de la Justice: assassiné dans sa résidence la veille de Noël 2001; Marshall Harry, leader du Parti populaire de tout le Nigeria (ANPP), tué chez lui à Abuja, un peu avant les élections générales d’avril 2003; Jibola Olapekun, avocat général du Nigeria, tué chez lui, à Ibadan, de façon mystérieuse par des voyous pendant les élections générales d’avril... Jusqu’ici, les coupables de ces crimes n’ont pas encore été trouvés.

Agriculture négligée – Le niveau de pauvreté ne fait qu’empirer. Avant l’indépendance, en 1960, l’agriculture était le principal soutien de l’économie du Nigeria: elle constituait presque 60% du produit intérieur brut, 80% des ressources venant de l’exportation. Mais ce secteur est en déclin constant. Le gouvernement avait promis un nouveau souffle au secteur agricole; mais, au lieu d’encourager la production de cultures locales, qui fourniraient plus d’emplois à ceux qui terminent l’école, il s’est engagé dans l’importation de nourriture pour pouvoir satisfaire la demande: en 2002, on en a importé pour 10 milliards de dollars, contre les 5 milliards de 1999...

Salaires payés irrégulièrement – Depuis plus d’un an, les fonctionnaires des gouvernements locaux n’ont pas reçu leur salaire. Les professeurs d’universités et le staff des non-enseignants n’ont pas encore été payés depuis janvier de cette année. On dirait que le gouvernement veut punir les professeurs pour leur grève de l’an dernier.

En novembre 2002, le syndicat des corps académiques universitaires (ASUU) avait lancé une grève dans tout le pays, qui a duré jusqu’en juin 2003. Le leader du syndicat, le Dr Fashima, avait bien précisé que les membres du syndicat n’exigeaient pas une hausse des salaires, mais un financement adéquat du système d’éducation du pays: laboratoires, équipement, manuels... Pendant des années, l’enseignement à été au bord de l’effondrement. Beaucoup d’institutions ne pouvaient même pas acheter de nouvelles revues pour permettre aux enseignants de se tenir au courant.

Industrie en piteux état – On a créé très peu de nouvelles industries. Au contraire, certaines qui existaient déjà ont dû fermer leurs portes par manque d’approvisionnement en énergie et matières premières. Beaucoup d’ouvriers sont licenciés, grossissant l’armée des chômeurs. Au lieu de fabriquer des nouveaux produits, les Nigérians se spécialisent maintenant dans l’importation de produits d’occasion. On en trouve de toutes sortes: vélos, motos, voitures et d’autres machines... Même des avions d’occasion. Les routes, non entretenues, sont pleines de trous.

De quoi espérer

Ceux qui connaissent bien le Nigeria, s’empressent toutefois de dire qu’il y a de l’espoir, que les Nigérians doivent prendre patience avec leurs dirigeants. La plus grande réalisation du gouvernement d’Obasanjo est la paix relative qui règne dans le pays. L’entente et la collaboration entre l’Assemblée nationale et le président se sont améliorées, alors que les quatre premières années de mandat d’Obasanjo avaient connu litiges et disputes continuels. En général, on peut dire que la paix règne dans le pays depuis son deuxième mandat.

L’administration d’Obasanjo a bien commencé en prenant au sérieux le secteur agricole. On a acheté plus de tracteurs pour aider les fermiers dans tous les Etats de la fédération et la stratégie des réserves céréales est positive. On a construit un plus grand nombre de silos pour engranger le surplus céréalier, qui sera mis sur le marché en temps de disette.

Toujours dans ce secteur, le gouvernement a créé des comités qui, sous la surveillance directe du président, s’occupent de la production et de l’utilisation de plusieurs produits tels que manioc, graines à huile, riz, soja, dolique, sorgho et millet, cacao, huile de palme, café et fruits, coton, poisson et volailles. Les fermiers sont encouragés à produire plus. Dans les deux années à venir, le président veut que le Nigeria retire au moins $5 millions de l’exportation de manioc.

On peut noter encore que le président Obasanjo a eu une série d’entretiens avec les propriétaires des industries textiles dans tout le pays et il leur a conseillé d’utiliser les matières premières locales. Ainsi, les producteurs de coton ont été encouragés à produire davantage.

La libéralisation de l’économie

Pour relancer l’économie, on a introduit une politique de libéralisation. Lors des différents régimes militaires, le gouvernement fédéral monopolisait beaucoup de secteurs de l’économie, la corruption et la licence devenant ainsi une industrie profitable. Nigeria Airways, les compagnies maritimes (NNSL), de chemin de fer , des télécommunications (NITEL)), des postes (NIPOST), de l’électricté (NEPA), du pétrole (NNPC), pour n’en citer que quelques-unes, étaient toutes en mauvaise posture. Pourtant, elles ont toutes un rôle important à jouer dans l’économie. L’administration d’Obasanjo exige maintenant que ces secteurs vitaux, et d’autres, soient libéralisés, c’est-à-dire privatisés.

Espérons que, pour son 44e anniversaire, les nouvelles seront plus réjouissantes, et que le Nigeria sera devenu un pays où les opportunités abondent, permettant ainsi aux travailleurs de bien gagner leur vie.


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