ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 467 - 01/12/2003

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 Zimbabwe
Les services médicaux se détériorent


SANTE


Il y a quelques années encore, le Zimbabwe était réputé
pour ses meilleurs services médicaux. Ce n’est plus le cas maintenant,
suite surtout à l’exode massif des cerveaux et au manque de devises étrangères,
provoqués par une crise économique sans fin

La qualité des soins hospitaliers s’est considérablement détériorée durant ces cinq dernières années et le système des services médicaux du pays est incapable de résorber les problèmes qui l’accablent. Depuis ces vingt dernières années, il n’y a plus eu de recrutement de personnel compétent et les devises étrangères manquent pour remplacer l’équipement vétuste. Conséquence: le personnel des principales institutions des services médicaux est composé maintenant surtout d’étudiants, sous la surveillance de quelques médecins expérimentés, ce qui compromet sérieusement la qualité des services rendus.

Ces trois dernières années, des médecins, pharmaciens, infirmières et kinésithérapeutes ont quitté le pays en masse, en quête de meilleures perspectives. Ils sont allés en Grande-Bretagne, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Canada et, plus près, en Afrique du Sud et au Botswana. La plupart d’entre eux viennent du secteur public, mais ces derniers temps le secteur privé commence à subir le même sort.

Rien ne les incite à rester

Le Zimbabwe connaît des pénuries dans tous les secteurs (y compris les liquidités, dernièrement). Maria Mandina, une infirmière de l’hôpital de Parirenyatwa, le plus grand du pays, le dit clairement: il n’y a plus rien qui la retient. «J’ai essayé d’être patriote, de sauver ma patrie, mais ce n’est plus possible. Mes amis qui ont quitté le pays, sont devenus millionnaires en un rien de temps, alors que moi je me démène pour recevoir à la fin du mois un salaire lamentable». Maria va bientôt partir pour la Grande-Bretagne.

Selon l’Association des médecins hospitaliers (ADH), il ne resterait plus qu’environ 750 médecins dans les services médicaux du secteur public. Actuellement, le rapport médecin-patients est d’environ 1 pour 16.000. La hausse récente (en juillet) de 150% du salaire des fonctionnaires n’a pas arrangé les choses. Les docteurs externes se sont mis en grève, réclamant un salaire d’au moins 2 millions de dollars zimbabwéens par mois. Ce que le gouvernement trouva “exorbitant”. 32 médecins des hôpitaux de Parirenyatwa et de Harare auraient donné leur démission cette année. Selon l’ADH, un grand hôpital spécialisé a besoin d’environ 55 internes, 35 externes, 30 spécialistes, et 22 chefs de clinique, qu’il puisse fonctionner d’une façon satisfaisante.

Il n’y a plus au Zimbabwe qu’un tiers des 500 kinésithérapeutes qui ont été formés à l’université du Zimbabwe. Une cinquanes quitteraient le pays chaque mois, et quelque 20 kinésithérapeutes diplômés de l’UZ chaque année. Malgré que les médecins et infirmières soient liés par des conventions, l’exode des cerveaux continue. Une infirmière gagne entre Z$ 138.446 et Z$ 222.967 par mois. (Ndlr.: au 27 octobre, 1 dollar américain = 824 dollars zimbabwéens).

Le ministre de la Santé et de l’Enfance, le Dr David Parirenyatwa, dit que si l’on veut que les services médicaux du pays retrouvent leur réputation dans la région, le gouvernement devrait réintroduire et même développer le programme de formation pour les infirmières, les médecins et les techniciens pharmaceutiques. Il a cependant refusé d’expliquer pourquoi le gouvernement a préféré d’embaucher des médecins du Congo-RDC et de Cuba, au lieu d’améliorer les salaires et le bien-être du personnel médical local.

Des rapports de Harare et de Londres indiquent que la moitié des assistants sociaux, formés au Zimbabwe, travaillent maintenant au Royaume-Uni. Christopher Chitereka, président de l’Association nationale des assistants sociaux, dit qu’environ 1.500 des leurs, sur un effectif de 3.000, résident et travaillent en Grande-Bretagne.

Cet exode des professionnels a mis le président Mugabe en colère. Il a reproché vivement à la Grande-Bretagne de les recruter au Zimbabwe, mais rien ne semble se faire pour changer la situation dans le pays. Le Dr Parirenyatwa met tout sur le compte du sous-financement de son ministère et de la pénurie persistante de devises étrangères, qui seraient les causes de la détérioration du niveau des services de santé. Le budget de 2002 n’a alloué que Z$ 22 milliards à son ministère, alors qu’il en avait demandé 98 pour assurer le fonctionnement correct des services médicaux. Beaucoup de médicaments doivent être importés à un prix prohibitif, ce qui met les soins de santé hors de la portée des familles ordinaires, les obligeant à recourir à un traitement alternatif auprès de guérisseurs traditionnels.

Selon le Dr Parirenyatwa, le gouvernement ne ménage pas ses efforts pour réhabiliter la qualité des services médicaux, mais la politique des soins de santé de base pâtit beaucoup du manque d’investissements.


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