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Guinée équatoriale |
ECONOMIE
Le secteur pétrolier inhibe le développement de l’agriculture
La Guinée équatoriale, ancienne colonie espagnole d’un million d’habitants, devrait atteindre en 2003 un taux de croissance de 10%, grâce à l’exploitation de son pétrole qui la place désormais au 3e rang des pays producteurs en Afrique subsaharienne, derrière le Nigeria et l’Angola. Fin octobre, le Comité monétaire national a prévu ce taux de croissance, vu le dynamisme des activités et le maintien à la hausse du prix du pétrole brut, indique Marcelino Owono Edu, ministre des Finances et président de ce comité.
Parallèlement, le pays vient d’inaugurer un grand nombre d’infrastructures sociales qui faisaient défaut. Leur installation entre dans le cadre «d’un programme de désenclavement des localités de l’intérieur du pays», qui consistait à demander aux sociétés forestières, principalement espagnoles, nord-coréennes et chinoises, de construire des écoles, des maisons destinées aux professeurs, des dispensaires et des centres de loisirs.
Gages de stabilité
Fermée depuis 1995, l’ambassade des Etats-Unis a rouvert ses portes à Malabo, courant octobre 2003, en présence du président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, du secrétaire d’Etat adjoint américain chargé de l’Afrique, Walter Kansteiner, et de l’actuel ambassadeur américain accrédité en Guinée équatoriale mais avec résidence à Yaoundé, George Staples. L’ambassade avait été fermée, officiellement, à la suite de restrictions budgétaires. Mais l’opposition équato-guinéenne l’avait imputée aux constantes violations des droits de l’homme dénoncées dans ce pays, dirigé depuis 1979 par le général Obiang Nguema.
Voisine du Gabon et du Cameroun, la Guinée équatoriale connaît depuis 1992 un boom pétrolier fulgurant. Elle a encore un différend territorial avec le Gabon, à propos de la petite île Mbanié, dont les eaux sont réputées riches en pétrole. Les deux pays revendiquent sa propriété en invoquant tous deux les frontières héritées de leurs anciens colonisateurs respectifs, l’Espagne et la France. Des négociations au sujet des eaux territoriales avec le Nigeria et l’archipel de Sao Tomé et Principe portent également sur des portions d’eaux litigieuses et réputées receler du pétrole.
Le pétrole équato-guinéen est presque exclusivement exploité par une dizaine de compagnies américaines, parmi lesquelles ExxonMobil. Les ressortissants américains sont les seuls étrangers à ne pas avoir besoin de visa pour entrer dans le pays, un sésame souvent difficilement accessible pour les étrangers d’autres nationalités, en dehors des hommes d’affaires. Le dernier ambassadeur américain à Malabo, John Bennett, accusé par les autorités équato-guinéennes de «sorcellerie», avait été déclaré “personna non grata”, puis rappelé par Washington. Toutefois, les relations diplomatiques entre les deux pays n’ont jamais été rompues. Depuis 1995, la Guinée équatoriale était du ressort de l’ambassade américaine au Cameroun.
Le volet social et sanitaire
Le gouvernement vient de débloquer 432.000 dollars au profit du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) pour l’achat de vaccins, de matériels de vaccination et d’équipements logistiques, pour appuyer la relance de la vaccination dans le pays. Cette initiative, la première du genre en Afrique centrale, a surpris tous les partenaires du développement de la Guinée équatoriale et a démontré l’engagement pris par l’Etat suite à un plaidoyer soutenu de l’UNICEF auprès des plus hautes autorités du pays. Le président de la République avait affirmé au mois de janvier 2003, lors de son investiture, sa volonté de mettre l’accent sur l’amélioration des conditions de vie des enfants et des femmes du pays.
L’allocation permettra de relancer le Programme élargi de vaccination (PEV) de routine et notamment de vacciner tous les enfants de 0 à 5 ans afin d’endiguer les épidémies. La campagne nationale de vaccination, lancée le 24 octobre, se déroulera en trois phases, étalées sur les mois d’octobre, novembre et décembre. On compte vacciner 38.500 enfants de 0 à 23 mois, et 24.600 femmes enceintes. Deux années de plaidoyer de l’UNICEF ont abouti à ce résultat, favorisé par le boom pétrolier et la croissance économique actuelle. On y voit un signe que le gouvernement continuera de donner la priorité aux secteurs sociaux, et notamment à la santé.
Baisse de l’activité agricole
Depuis l’exploitation du pétrole en 1992, la population, notamment insulaire, a presque abandonné l’agriculture pour chercher des emplois dans le secteur pétrolier, très bien payés par rapport au niveau de vie de la majorité de la population. Cette désaffection pour l’agriculture se produit en dépit des efforts des autorités pour développer le secteur et viser l’autosuffisance alimentaire.
S’il est vrai que l’économie du pétrole a poussé le développement de la nation, cette croissance économique a également contribué à une croissante inactivité dans d’autres secteurs, tel que celui de l’agriculture. Selon le journal Ebano, «au cours des décennies antérieures, l’économie équato-guinéenne dépendait pratiquement de la culture du café et du cacao et de l’exploitation du bois. Mais actuellement, ce sont des secteurs qui ont été condamnés à l’oubli. Toute la masse populaire n’a d’yeux et n’a mis ses espoirs que dans un seul secteur de l’économie nationale (le pétrole)». Le café, le manioc, la malanga, etc. sont importés de Douala, au Cameroun.
- Antoine Lawson, Guinée équatoriale, novembre 2003 — © Reproduction autorisée en citant la source
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