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Cameroun |
CORRUPTION
Les Camerounais sont fiers de leur équipe nationale de football,
les “Lions indomptables”.
Mais peut-on dire la même chose à propos de la corruption dans le pays?Un éditorial de L’Effort Camerounais décrivait certaines parties de la population camerounaise comme les «lions indomptables de la corruption mondiale». C’était peu après la publication, par Transparency International, de son “Index de perception de la corruption” (IPC) 2003 des pays les plus corrompus du monde. Le Cameroun y occupe la sixième place en absolu, le plus corrompu étant le Bangladesh, et la deuxième parmi les pays africains, après le Nigeria.
Le Cameroun se bat maintenant avec force contre la corruption. D’une façon ou d’une autre, toutes les forces sociales du pays prennent part à l’éradication de ce fléau: Eglise, société civile, gouvernement, hommes d’affaires et partis politiques.
En 1997, quand l’IPC de Transparency International parut pour la première fois, le Cameroun avait le triste privilège d’être désigné comme le pays le plus corrompu du monde, juste à la fin du classement. Le gouvernement, fort irrité, avait alors publié un communiqué de presse accusant Transparency International de ternir l’image du Cameroun au niveau international. Lors de la deuxième édition, en 1998, le Cameroun avait déjà pu remonter à la troisième avant-dernière place. Au cours de ces six dernières années, il a oscillé entre la dernière et la septième avant-dernière position.
Efforts pour éradiquer la corruption
Pour combattre ce mal social, le gouvernement du Premier ministre Peter Mafany Musonge a créé une unité anti-corruption dans tous les départements ministériels, et il a proposé aux leaders des Eglises de créer également de telles unités pour inculquer les valeurs morales aux Camerounais.
Le professeur Wildred Mbellem, directeur adjoint du Programme de bonne gouvernance, créé par la présidence pour intensifier la lutte contre le mal social, a menacé: «Le Cameroun publiera les noms des personnes arrêtées pour corruption«. Cependant, l’avocate Diana Acha Morlaw, vice-présidente de l’Observatoire des élections nationales, est inquiète: «Le Cameroun ne peut pas faire de grands progrès dans la lutte contre la corruption, ni qualitativement ni quantitativement. Elle est partout, dans le judiciaire, dans les cercles financiers, dans la distribution des contrats publics, et même dans l’armée. C’est souvent un vice caché, car l’argent change de mains sous la table». Pour l’avocat Akere Muna, «la corruption au Cameroun est endémique; si elle n’est pas éliminée au plus vite, elle deviendra une maladie mortelle».
L’Eglise catholique fait beaucoup d’efforts pour aider le gouvernement à lutter contre ces pratiques. Dans chacun des 26 diocèses du pays il existe une Commission justice et paix. Même avant la publication des indices de Transparency International, les évêques avaient exprimé leur inquiétude qu’un pays aussi moralement décadent que le Cameroun puisse encore être parmi les pays qui profitent du programme de l’initiative des Pays pauvres très endettés (PPTE).
En 1977, les évêques de la province ecclésiastique de Bamenda avaient publié une lettre pastorale sur la corruption. Ils voulaient ainsi attirer l’attention de tous sur ce mal qui continuait à se propager dans beaucoup de secteurs de la vie publique du pays.
En 1980, les évêques de la province ecclésiastique de Garoud firent de même. Et en 1990, tous les évêques du Cameroun, examinant la crise économique du pays, dénonçaient l’impunité de la corruption et du vol continuel des fonds publics, une des causes principales de la crise. En 1997, lors de leur réunion annuelle sur les problèmes de justice et de paix, et de nouveau en 1998, au sujet de la bonne gouvernance, ils ont répété leurs cris d’alarme contre ces pratiques, déplorant le climat de corruption dans lequel les enfants camerounais grandissent.
Le cardinal Christian Tumi, archevêque de Douala, s’est lancé dans une guerre verbale avec le gouvernement à propos de ce fléau. Il s’élève avec force contre la corruption dans le pays et se demande «si le Cameroun est condamné pour toujours. Il n’est que trop apparent que corrupteurs et corrompus veulent s’enrichir à tout prix».
Les choses étant ce qu’elles sont, il semble bien que, sans un changement radical, la fin de la corruption au Cameroun n’est pas pour demain!
- Charles Nji, Cameroun, novembre 2003 — © Reproduction autorisée en citant la source
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