ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 359 - 01/01/1999

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Bénin

Trithérapie à l'africaine


by Michel Tchanou, Bénin, septembre 1998

THEME = SIDA

INTRODUCTION

En moins d'une décennie, le taux de prévalence du sida s'est multiplié par dix.
Face à la pandémie, les responsables à divers niveaux ne baissent pas les bras,
malgré la faiblesse des moyens...

L'humour ravageur des Béninois, qui ne croyaient pas en l'existence de cette maladie, avait trouvé il y a quelques années une définition locale au sigle sida: "Salaire insuffisant difficilement acquis". Tous les fonctionnaires béninois auraient été atteints par ce mal. Mais depuis quelques années, le sida ne fait plus rire. Au Bénin, près de 80.000 personnes sont porteuses du virus du sida et 2.275 malades ont été enregistrés entre 1985 et 1997. Ce qui a fait dire au coordinateur du Programme national de lutte contre le sida (PNLS) que "le Bénin ne peut plus être classé parmi les pays à faible prévalence".

La maladie connaît une inquiétante progression, plus rapide en milieu rural que dans les centres urbains. Le difficile accès à l'information, constitue un des principaux facteurs qui favorisent la propagation de ce mal. A cela s'ajoutent des conceptions et des pratiques d'ordre culturel et sociologique. On signale par exemple les conditions dans lesquelles sont effectuées des scarifications, des incisions et des excisions. Le même matériel est utilisé pour plusieurs personnes sans aucune précaution.

Prévenir

Le gouvernement ne dispose pas de moyens pour entreprendre de grandes recherches sur le sida. Aucun centre hospitalier n'est adapté pour son traitement. Néanmoins, les personnes vivant avec le VIH peuvent accéder aux médicaments antirétroviraux. Les quelques rares chercheurs que compte le pays mènent des travaux en vue d'une surveillance régulière des différents types de virus qui circulent dans le pays. Parallèlement, des études sont menées sur les différences de prévalence du VIH dans une même région.

Mis en chantier en 1987, le PNLS coordonne les activités des ONG, qui interviennent dans le domaine du sida. La stratégie utilisée par le PNLS, tout comme par les différentes ONG, est basée sur l'information, l'éducation et la communication. Ainsi, au cours de cette année, le PNLS a organisé des séminaires, à l'intention des députés et des notables de différentes religions, pour susciter leur adhésion à la lutte contre ce fléau. A la suite de quoi, chrétiens, musulmans et représentants des cultes traditionnels ont pris l'engagement de s'impliquer davantage dans le combat contre le sida. A l'église comme à la mosquée, le sida n'est plus aujourd'hui un sujet tabou. Certaines paroisses ont même prêté leurs églises pour accueillir des spectacles de théâtre sur le sida organisés par Caritas-Bénin. Rappelons aussi que l'an dernier, le PNLS a orienté ses actions en direction des groupes à risque, tels que les prostituées, les élèves et les artisans.

Aux côtés du PNLS, l'"Organisation de recherche pour le développement humain" forme des villageois chargés d'apprendre à leurs camarades l'utilisation du préservatif. A ce propos, signalons que "International population service" a déjà distribué au cours de cette année 2.939.176 préservatifs, contre 55.000 en 1989!

Le projet "Vie Nouvelle" de l'Association française des volontaires du progrès fait quant à lui de la sensibilisation de proximité, en s'appuyant sur des témoignages à visage découvert de personnes vivant avec le VIH. "Vie Nouvelle" cible les écoles, les entreprises, les camps militaires, les gendarmeries, les prisons, etc. Ce projet soutient également une association de personnes vivant avec le VIH, basée à Cotonou.

Pour sa part, le "Réseau béninois des journalistes pour la lutte contre les MST/sida" organise des stages de formation pour les hommes des médias, en insistant sur les exigences d'une information sanitaire bien traitée. Il organise également la couverture médiatique de manifestations concernant le sida.

D'autres organismes, comme "Arc-en-ciel" et "Caritas-Bénin", s'occupent de la prise en charge médicale des malades. Mais précisons que, jusqu'ici, les soins se limitent au traitement des maladies opportunistes. Selon le professeur Séverin Anagonou, du PNLS, "le volet prise en charge est encore le parent pauvre dans le Programme national de lutte contre le sida", le Bénin ayant opté pour une politique sanitaire avec recouvrement des coûts. La gratuité des soins de santé n'est donc pas d'actualité, d'autant plus que le pays ne dispose pas d'un système de sécurité sociale.

C'est pourquoi, en lieu et place de la trithérapie qu'on rencontre en Occident, le coordonnateur du PNLS préconise la trithérapie africaine, constituée par l'information, l'éducation et la communication. Et cette trithérapie fait déjà ses preuves sur le terrain. Le préservatif, surnommé ici "Koffi Gbakoun" (le chapeau de Koffi), fait désormais partie du quotidien des Béninois. Tous les débits de boissons du pays disposent bien en évidence, sur leurs étalages et juste à côté des bouteilles de bière, des paquets de préservatifs. Histoire de rappeler à la prudence tous les "chasseurs" des maquis et des buvettes. Au Bénin, la "génération caoutchouc" prend conscience, et ça se remarque.

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