Bénin — Quand on tue les «enfants sorciers»...


Un infanticide rituel se perpètre encore régulièrement dans certaines parties du nord du Bénin. Une coutume d’un autre âge. Baptisés «enfants sorciers», ces enfants sont éliminés physiquement parce qu’ils ont le «tort» d’être nés par le siège; de n’avoir pas poussé les premiers cris; d’avoir leurs premières dents avant huit mois ou des les porter par la gencive supérieure; d’être, à la naissance, tombés sur le bras droit ou tombés du sein maternel; et/ou d’avoir une naissance suivie de la mort de la mère...

Considérés comme des «anomalies de la nature», ces «démons qui ont pris la forme humaine» sont tués sans ménagement par ceux qui sont appelés des «réparateurs», des hommes connus de tous pour leurs «activités spéciales», habilités par la pression sociale et l’influence culturelle, au mépris des sentiments ressentis par les mères.

Ceux qui échappent à cette coutume, sont, dans le meilleur des cas, abandonnés ou vendus. Ces rescapés vivent alors isolés, déguenillés, dans une case sans porte, en marge du village et mendiant leur nourriture au marché.

Généralement, on garde le silence sur cette tradition. Mais depuis quelque temps, des hommes de bonne volonté, des ONG font un remarquable travail de sensibilisation en s’appuyant principalement sur la diffusion des valeurs chrétiennes. Avec pour résultat encourageant, une plus grande prise de conscience et le recul significatif de cette pratique, dans ces campagnes peuplées essentiellement par l’ethnie bariba.
                                                                                            
(A. Agboton,  Sénégal, août 2002)

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