ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 441 - 01/10/2002

CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS


Afrique
Cultures africaines
et lutte contre la torture


VIOLENCE


Les cultures africaines sont-elles fondamentalement des civilisations de torture?

Incontestablement, il est établi que le continent africain est aujourd’hui une terre de réfugiés, le théâtre de guerres sanglantes, de violations graves des droits de l’homme telles que les persécutions et les tortures. Pourquoi? Y aurait-il à l’origine de ce regrettable état de fait, des racines culturelles?

Du 29 juillet au 1er août 2002, à Dakar, une centaine de délégués venus de 54 ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) issues de 34 pays d’Afrique, d’Europe et d’Amérique, sous l’égide la Fédération internationale des ACAT (FIACAT, née en 1987) se sont penchés sur le thème «Cultures africaines et lutte contre la torture». Ils ont engagé une réflexion sur les racines culturelles de la torture, mais surtout sur les éléments permettant d’espérer un recul du phénomène.

Après avoir fait l’état des lieux, les participants ont élaboré des plans de lutte pour l’éradication de cette barbarie qu’est la torture. Ils ont examiné les causes de l’éclosion et le caractère permanent de la torture, situé les responsabilités des Etats, des pouvoirs économiques et financiers, tout en appelant à la vigilance de tous: populations, société civile, partenaires étrangers, communautés locales, leaders d’opinion, chefs traditionnels, etc.

Pour l’éradication de la torture, ils ont demandé d’agir pour faire «évoluer les mentalités et favoriser des comportements non violents». L’accent a été mis particulièrement sur la formation et l’éducation, sur le recours aux valeurs africaines qui favorisent le respect de la dignité humaine, et sur le soutien, le renforcement des moyens, voire sur l’importance des instruments internationaux.

Analyse

Au demeurant, le problème n’était pas simple. En résumé, de quoi s’agit-il? Y a-t-il une ou plusieurs cultures africaines? Sont-elles “criminogènes”? Y a-t-il lieu d’espérer ou de désespérer? Sous quel angle aborder les questions qui en découlent? De l’avis de certains participants, trois niveaux se distinguaient dans l’analyse du phénomène: la culture, la société et l’Evangile.

D’après leur diagnostic, marqué au coin de l’évidence, la société africaine est «déséquilibrée», trahie, subvertie, en rupture avec ses valeurs fondamentales. Les civilisations africaines, il faut en prendre conscience, sont aux prises avec une «certaine sorcellerie sociale, un certain fétichisme»; elles ont un problème avec un «style d’être», sinon une certaine «identité meurtrière»...

Mais alors, y a-t-il aussi des chances et des freins? Selon les participants, un examen des cultures africaines met également en relief les «valeurs fondatrices, les valeurs régulatrices, les valeurs de sens». En Afrique, sont privilégiés le respect du sacré, la solidarité, l’unité avec la nature et l’être, l’équilibre intérieur, le monde visible et invisible, l’importance de la communauté, la tradition et l’inventivité. Où s’imbriquent paradoxalement le temps et l’urgence (attente et action), la vie et la mort.

Conséquence et esquisses de solution: la société africaine doit avoir une «vision sociale, la consolidation de l’humain». Le mal ne doit pas «envahir l’espace initiatique africain».

Les participants, qui n’ont pas caché leur satisfaction au regard de la profondeur des échanges et de la complexité enrichissante des débats fort houleux et passionnés, ont signalé, par ailleurs, les dangers de la «torture économique» qui engendre aujourd’hui la pauvreté, affaiblit la place et le rôle de l’Afrique dans la mondialisation, une Afrique mal gouvernée et peuplée de «monstres». Ils ont regretté également que les familles ne soient plus des «lieux d’éducation».

Au total, autant de questionnements cruciaux auxquels des pistes de réponses ont été proposées.

Quand on tue les «enfants sorciers»...

SOMMAIRE FRANCAIS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS


PeaceLink 2002 - Reproduction authorised, with usual acknowledgement