ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 443 - 01/11/2002

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Mozambique
Malaria: une solution à long terme?


SANTE


Bien qu’on puisse la soigner et même la prévenir, la malaria reste toujours la maladie la plus meurtrière au monde

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que plus de 88 millions d’Africains au sud du Sahara, vivant dans des régions infectées par la malaria, sont exposés au risque de la maladie. L’OMS a catalogué la malaria comme maladie mortelle, tout comme le sida et la tuberculose.

En Afrique australe, plusieurs initiatives sont en cours pour sensibiliser les gens aux dangers de la maladie et en promouvoir le contrôle et les soins. Le Mozambique cherche une solution à long terme. La recherche d’un vaccin contre la malaria est déjà très avancée dans un centre d’expérimentations cliniques, installé dans l’hôpital de Manhiça, près de Maputo.

Lancé officiellement le 1er juillet, ce projet coordonne les efforts du ministère de la Santé, du Centro de Investigaçao em Saude de Manhiça (CIM), de la clinique de l’université de Barcelone, de GlaxoSmith Kline (GSK) Biologicals, et de la Malaria Vaccine Initiative (MVI). Des programmes similaires ont déjà été testés en Gambie (Ndr - cfr. ANB-BIA 439), ainsi qu’aux Etats-Unis, où les résultats semblent encourageants.

Ce projet se fera en deux phases. Dans la première phase, 60 enfants de 1 à 4 ans seront soumis à un test de ce vaccin nommé RTS,S  (un vaccin Plasmodium falciparum sporozoïte basé sur le résultat d’une combinaison de la protéine circumspoozoïte avec la surface antigène Hépatite B dans la levure). Son succès décidera de faire le même test sur un groupe plus large et d’autres groupes d’âge.

Si le RTS,S s’avère efficace, GSK et MVI s’engagent à collaborer pour qu’il soit breveté, produit en quantités suffisantes, et rendu disponible à un prix abordable pour que les pays en développement puissent en bénéficier.

Dans un communiqué de presse commun, les organismes engagés dans le projet ont fait remarquer que le développement d’un vaccin pour les enfants est crucial, parce que les moins de cinq ans représentent au moins 75% des 2,7 millions de décès provoqués chaque année par la malaria.

La recrudescence de la malaria

La récente recrudescence de la maladie dans les régions à caractère endémique, avec des épidémies explosives dans beaucoup de parties d’Afrique, est probablement causée par de nombreux facteurs, dont la croissance rapide de la résistance aux médicaments anti-malaria, les changements climatiques et les mouvements de populations.

Selon l’OMS, les efforts faits pour contrôler la maladie ont été jusqu’ici fragmentaires et sans aucune coordination. Ces stratégies de contrôle devraient aller de pair avec une recherche sérieuse, pour développer des médicaments et des vaccins anti-malaria et mieux comprendre la pathogenèse, les dynamiques du vecteur, l’épidémiologie et les aspects socio-économiques de la maladie.

Le programme des années 1950 et 1960 pour éradiquer la malaria, a subi des revers dans les années 1970. La maladie se propagea de nouveau dans certaines régions de l’Asie et de l’Amérique du Sud, où le nombre des cas avait été réduit à un niveau très bas. En Afrique, où ce programme d’éradication n’a jamais commencé, on a constaté une recrudescence sans précédent à une allure alarmante.

La malaria est causée par un protozoaire du genre Plasmodium et de quatre sous-espèces: falciparum, vivax, malariae et ovale. En Afrique, l’espèce qui provoque les plus grands ravages est le falciparum. La maladie est transmise par les piqûres de moustiques du genre anophèle, dont l’Anopheles gambiae complex (le plus actif) est responsable de la transmission de la maladie en Afrique. Le principal symptôme est la fièvre. Les formes les plus sévères provoquent la malaria cérébrale (surtout parmi les enfants et les personnes sans immunité antécédente), l’anémie (en particulier chez les enfants et les femmes enceintes) et le dysfonctionnement des reins et d’autres organes (p.ex. des difficultés respiratoires). Les personnes souvent exposées à la maladie acquièrent un certain degré d’immunité clinique, qui est cependant instable et disparaît lorsqu’on s’éloigne durant un an de l’environnement de la maladie. Si cette personne y revient, son immunité réapparaît après quelques accès de malaria.

Les personnes les plus exposées à mourir de la malaria sont celles sans immunité préalable, surtout les enfants, mais aussi les habitants d’une région où la maladie ne se transmet pas, ou des personnes qui vivent dans des pays industrialisés où la maladie n’existe pas.

La situation au Mozambique

Au Mozambique, toutes les provinces connaissent un taux élevé de la malaria. Le ministère de la Santé estime que 60% des cas médicaux concernent la malaria; 40% des lits dans les hôpitaux du pays sont occupés par des malades atteints de la malaria. Selon des sources du ministère, l’infection s’est considérablement accrue après les inondations de 2000 et de 2001, les mares d’eau stagnante étant des lieux de prédilection pour le moustique anophèle.

Alors que les cas d’infections vont en augmentant, une épidémie plus grave menace la population parce que les parasites de la malaria sont devenus de plus en plus résistants aux médicaments tel que la Chloroquine, employée jusqu’ici pour soigner la maladie. Aucun médicament alternatif n’a encore été développé jusqu’ici, qui pourrait être disponible à court terme en quantités suffisantes et à un prix abordable pour les nations africaines.

On espère donc que le projet de Manhiça soit une réussite. Il reçoit l’appui du gouvernement. Le ministre de la Santé, Francisco Songane, a dit: «Nous savons bien que le vaccin requiert d’autres tests et ne sera disponible que dans plusieurs années, mais devant les souffrances de notre population, surtout de nos enfants, nous voulons contribuer à ce projet». Et il assure les gens que «tout est fait et sera fait pour sauvegarder les normes d’éthique et de sécurité dans ces expériences, y compris la présence d’observateurs internationaux qui surveillent de près les progrès».

La région autour de Maputo est la plus touchée. Depuis le début de l’année, chaque semaine, plus de 5.000 patients y ont été soignés. Dans la province de Maputo il y a beaucoup de mares d’eau stagnante dans les bas-fonds. Selon Avertino Berreto du ministère de la Santé, ces mares sont le lieu privilégié pour les vecteurs du parasite de la malaria. Au début de cette année, les autorités ont débloqué $225.000 pour une campagne d’un mois de pulvérisation afin de tuer les larves.

Une initiative anti-malaria intéressante est la campagne «Course contre la malaria». Il s’agit d’un rallye automobile dont le départ est en Afrique du Sud et la ligne d’arrivée à Arusha, en Tanzanie. Il se terminera lors de la Conférence africaine sur l’Initiative multilatérale pour la malaria, qui aura lieu du 18 au 23 novembre. Cette course s’insère dans l’initiative «Roll Back Malaria» (RBM), un partenariat mondial lancé en 2001 pour réduire de moitié le fléau avant 2010. Le RBM veut lancer une action effective et durable contre la malaria, en produisant des médicaments à la portée des populations menacées.

L’action des chercheurs et des experts médicaux est primordiale si l’on veut promouvoir le développement économique des pays pauvres, tel que le Mozambique.


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