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LIBERTE' DE PRESSEDate:
Thu, 26 Aug 1999 20:24:23 +0200From:
"serv. informazioni Congosol" <congosol@neomedia.it> To:source: Reporters sans frontieres
"serv. informazioni Congosol" <congosol@neomedia.it>
Communique' de presse - Pour diffusion immediate
Paris, aout 1999
VIIIe Sommet de la Francophonie Moncton, Nouveau-Brunswick (Canada) - du 3 au 5 septembre 1999
Quinze pays qui participent au Sommet de la Francophonie ne respectent pas la liberte' de la presse
Sur les cinquante-deux Etats et gouvernements qui participent au VIIIe Sommet de
la Francophonie, quinze violent la liberte' de la presse: le Burkina Faso, le
Cameroun, le Congo, la Cote d'Ivoire, le Gabon, la Guinee equatoriale, le Laos,
la Mauritanie, la Republique centrafricaine, la Republique democratique du Congo,
le Rwanda, le Tchad, le Togo, la Tunisie et le Viet-nam.
Si, dans ces pays, les atteintes a' la liberte' de la presse ne sont pas toutes
de la meme gravite', ces regimes ont en commun de bafouer "l'ideal francophone,
celui de la liberte' et des droits de l'homme" proclame' lors du precedent
Sommet a' Hanoi en 1997.
Dix-sept journalistes sont actuellement emprisonnes dans cinq pays Parmi ces
journalistes, treize sont des Africains.
La Republique democratique du Congo et le Rwanda se distinguent en maintenant en
prison respectivement quatre et cinq journalistes. Ainsi, a' Kinshasa, Joseph
Mbakulu Pambu, journaliste de la Radio Television Matadi, a ete' arrete' en
novembre 1998.
Il est accuse' d'avoir "collabore' avec les rebelles" lorsque ceux-ci ont pris
le controle de Matadi (sud-ouest du pays).
Il n'a toujours pas ete' juge'.
A Kigali, Dominique Makeli est le journaliste d'Afrique subsaharienne
emprisonne' depuis le plus grand nombre d'annees.
Accuse' par le gouvernement d'avoir participe' aux massacres de 1994, il est
detenu a' la prison centrale de Remera (Kigali).
Son chef d'accusation a change' plusieurs fois au cours des annees. Il n'a
toujours pas ete' juge'.
Deux autres pays africains maintiennent des journalistes en detention: la
Tunisie (2) et la Cote d'Ivoire (2).
Au Viet-nam, quatre journalistes sont actuellement detenus. Pham Thai est en
prison depuis juillet 1995.
Au mois d'aout de la meme annee, le tribunal populaire de Ho Chi Minh-Ville l'a
condamne' a' onze ans de prison pour "complot contre le pouvoir socialiste".
Ce journaliste dirigeait, depuis 1990, le Mouvement pour l'unite' du peuple et
pour la reconstruction de la democratie.
Cette organisation militait, entre autres, pour la defense de la liberte' de la
presse au Viet-nam.
Pham Thai est age' de 78 ans.
Il devrait etre libere' en 2006.
Plus de cent vingt journalistes incarceres Depuis le Sommet de Hanoi, en
novembre 1997, plus de cent vingt journalistes ont ete' incarceres dans vingt
des pays qui participent au Sommet de Moncton. A elle seule, la Republique
democratique du Congo a envoye' plus de soixante professionnels de la presse
derriere les barreaux.
La grande majorite' d'entre eux n'ont jamais ete' juges. Au Togo, sept
journalistes ont ete' incarceres au cours de ces deux dernieres annees.
Elias Hounkali, de l'hebdomadaire Le Nouveau Combat, a passe' pres de dix mois
dans une cellule de la gendarmerie de Lome', avant d'etre libere' en avril 1999.
Il etait accuse' "d'atteinte a' l'honneur du president de la Republique et de sa
femme".
Au Cameroun, Pius Njawe', directeur de publication du trihebdomadaire Le
Messager, a passe' dix mois dans la prison de Douala, entre decembre 1997 et
octobre 1998, pour avoir publie' dans les colonnes de son journal un article qui
faisait etat d'un malaise du chef de l'Etat lors de la finale de la coupe du
Cameroun de football.
En Cote d'Ivoire, six journalistes du quotidien independant Le Populaire ont
ete' arretes en avril et en mai 1999.
Ils etaient accuses "d'offense au chef de l'Etat" et de "troubles a' l'ordre
public", pour avoir notamment publie' un article qui affirmait que le chef de
l'Etat avait "achete" son doctorat en economie. Deux d'entre eux sont toujours
detenus a' la maison d'arret et de correction d'Abidjan. En Guinee equatoriale,
Sinecio Ngua Essono, l'un des responsables du journal independant El Sol, a ete'
emprisonne' pendant plus d'un an entre aout 1997 et octobre 1998.
Apres son arrestation, il a ete' torture' et jete' au fond d'un container dans
le port de Bata.
Il y est reste' durant trois semaines.
Au Tchad, en mars 1998, un journaliste a ete' maltraite' par des soldats.
Dieudonne' Djonabaye', redacteur en chef de N'Djamena Hebdo, a ete' fouette' a'
coups de cables electriques dans une cellule de l'etat-major de la gendarmerie.
Le journaliste avait deja' ete' condamne', en fevrier de la meme annee, a' deux
ans de prison avec sursis pour avoir ecrit un article intitule' "Deby President
partisan" qui accusait le chef de l'Etat de favoriser les habitants de la
moitie' nord du pays.
Un journaliste assassine' au Burkina Faso Le 13 decembre 1998, Norbert Zongo, le
directeur de l'hebdomadaire L'Independant, a ete' trouve' mort, en compagnie de
trois autres personnes, dans son vehicule carbonise', a' 100 km au sud de
Ouagadougou.
Sous la pression de la population et des organisations de defense des droits de
l'homme nationales et internationales, le gouvernement a mis en place, le 18
decembre, une Commission d'enquete independante. Le 7 mai 1999, apres avoir
auditionne' plus de 200 personnes, celle-ci a remis ses conclusions au Premier
ministre.
Le rapport final affirme que Norbert Zongo a bien ete' assassine' et qu'il faut
"chercher les mobiles de ce meurtre du cote' des enquetes menees par le
journaliste et notamment sur ses recentes investigations concernant la mort de
David Ouedraogo, le chauffeur de Francois Compaore', le frere du chef de
l'Etat".
Le rapport de la Commission cite le nom de six militaires de la garde
presidentielle qu'il qualifie de "serieux suspects".
Le 21 mai, le president de la Republique, Blaise Compaore', a annonce' qu'il
prendrait un certain nombre de mesures concernant cette affaire. Il a notamment
affirme' que "toutes les personnes concernees, sans exception aucune,
[repondraient] a' la justice".
Ce n'est pas encore le cas, meme si, le 20 juin, trois des six militaires cites
dans le rapport de la commission ont ete' ecroues a' la Maison d'arret et de
correction de Ouagadougou.
Le 2 aout, un College de Sages, mis en place par le President, a demande' la
creation rapide d'une Commission verite' et justice qui aurait pour mission
"d'aider a' faire la verite' sur les differents crimes et de veiller au droit a'
la reparation".
La censure toujours en vigueur Les saisies de journaux sont monnaie courante
dans plusieurs pays qui participent aux Sommets de la Francophonie. Ainsi, en
Tunisie, ou' les journaux nationaux se caracterisent par une totale uniformite'
de ton, les titres etrangers - les seuls a' meme de pouvoir critiquer le regime
en place - sont regulierement victimes de saisies policieres.
Pour ne citer que les seuls quotidiens francais Liberation et Le Monde, ils ont
ete' saisis a' une quarantaine de reprises en moins de deux ans: ils contenaient
des articles critiques envers le president tunisien ou denoncant la situation
des droits de l'homme dans le pays. Autre exemple, en Mauritanie, les saisies
nombreuses et repetees entrainent la lente asphyxie des journaux independants.
Depuis le mois de novembre 1997, vingt-deux saisies ont touche' trois journaux:
Le Calame, La Tribune et Mauritanie Nouvelles.
Ce dernier a fait faillite en janvier 1998, victime d'un veritable harcelement
administratif.
On peut egalement noter au Gabon la suspension, le 17 mars 1999, du journal
satirique La Griffe.
Cet hebdomadaire, qui avait deja' ete' suspendu en 1998, n'a eu le temps de
publier que deux numeros avant cette nouvelle mesure.
Le Conseil national de la Communication (CNC) a justifie' sa decision en
expliquant que les responsables de la publication n'etaient pas clairement
identifies.
Or, le nom du directeur de publication et du redacteur en chef, ainsi que les
adresses de l'hebdomadaire et de l'imprimerie, figuraient dans les deux numeros
parus en mars 1999.
Quelques jours plus tot, le CNC avait deja' interdit les emissions "a' caractere
politique" de Radio Soleil.
Cette station privee avait, lors d'un de ses programmes en direct, ouvert son
antenne a' des auditeurs qui auraient tenu des "propos outranciers a' l'egard du
president de la Republique".
Les journaux centrafricains sont, eux aussi, victimes d'une repression severe.
Deux journaux independants - Le Citoyen et Le Novateur - font regulierement
l'objet de saisies de leur materiel informatique qui les empechent de paraitre
pendant plusieurs jours.
Des exemplaires du Citoyen ont ete' brules en 1998 et les vendeurs de ce
quotidien ont ete' agresses a' diverses reprises.
Ces derniers ne vont plus dans certains quartiers de Bangui, consideres comme
acquis au pouvoir en place, de peur des represailles. Au Laos, les journalistes
sont sous le controle direct du ministere de l'Information. Les medias
audiovisuels sont les porte-parole du parti unique et les seules informations
independantes proviennent des stations etrangeres qui emettent depuis les pays
voisins, notamment la Thailande.
Des lois liberticides Quatorze des quinze pays denonces par Reporters sans
frontieres maintiennent dans leur legislation des peines de prison pour des
delits de presse.
Les instances internationales en charge des droits de l'homme considerent qu'une
condamnation a' une peine de prison pour un delit de presse est
"disproportionnee" par rapport au prejudice subi par la victime. Ainsi, dans un
document du 14 juillet 1992, la Commission des droits de l'homme des Nations
unies a souligne' que "la detention en tant que sanction negative de
l'expression d'une opinion, constitue l'un des moyens les plus reprehensibles
destines a' imposer le silence et, de ce fait, est une violation grave des
droits de l'homme".
Ce qui explique qu'aujourd'hui, aucun Etat democratique ne prononce de peine
d'emprisonnement dans des affaires de presse.
Or, au Cameroun, en Tunisie et au Congo, par exemple, la loi prevoit des peines
pouvant aller jusqu'a' cinq ans de prison pour des delits de presse. En janvier
1998, le Togo a adopte' une nouvelle loi sur la presse, plus liberale.
Dans ce texte, les journalistes ne peuvent plus etre emprisonnes pour un delit
de presse.
Pourtant, depuis cette date, pas moins de sept journalistes ont ete' incarceres
pour "diffamation" ou "atteinte a' l'honneur du president de la Republique".
Recommandations
En novembre 1997, lors du Sommet d'Hanoi, Reporters sans frontieres avait deja'
rappele' que "la Francophonie devrait etre une langue en commun, mais egalement
une culture en partage.
Celle du respect des droits de l'homme, de la tolerance et de la liberte'
d'expression".
Aujourd'hui, Reporters sans frontieres reitere cet appel. La situation ne s'est
pas amelioree depuis le dernier Sommet, alors que les participants avaient
solennellement rappele' "[leur] foi dans les valeurs democratiques fondees sur
le respect des droits de l'Homme". Le nombre des incarcerations a meme
augmente'.
On compte aujourd'hui plus de journalistes emprisonnes dans des pays participant
aux Sommets de la Francophonie qu'il n'y en avait en novembre 1997: 17 contre
16.
Reporters sans frontieres demande donc, une fois encore, la liberation immediate
et sans condition de tous les journalistes emprisonnes pour des delits de
presse.
C'est le cas en Republique democratique du Congo, au Rwanda, en Cote d'Ivoire,
et au Viet-nam.
L'organisation demande egalement des proces justes et equitables dans toutes les
autres affaires de presse, notamment au Rwanda et en Tunisie. Reporters sans
frontieres demande que cessent les arrestations arbitraires. Au Togo, en
Republique democratique du Congo et en Guinee equatoriale, des journalistes ont
ete' incarceres pendant plusieurs jours, parfois plusieurs mois, sans avoir ete'
juges, ni meme inculpes.
Ces arrestations sont faites en dehors de toute legalite', souvent a'
l'initiative directe des plus hauts representants de l'Etat. Reporters sans
frontieres appelle les quinze pays cites, mais egalement l'ensemble des Etats et
gouvernements participants au Sommet de Moncton, a' modifier dans leur
legislation tous les articles de loi qui prevoient une peine de prison pour des
delits de presse afin de ne laisser subsister que des amendes.
Dans les Etats democratiques, des peines de prison pour des delits de presse ne
sont plus prononcees que dans des cas exceptionnels, comme les appels repetes a'
la violence ou a' la haine ethnique.
Reporters sans frontieres exhorte les douze pays qui bafouent la liberte' de la
presse et qui ont pourtant ratifie' le Pacte international relatif aux droits
civils et politiques (PIDCP) a' respecter leurs engagements en matiere de
liberte' de la presse.
L'organisation appelle les trois autres pays, le Burkina Faso, le Laos et la
Mauritanie, a' ratifier le PIDCP.
Enfin, Reporters sans frontieres demande a' Boutros Boutros-Ghali, secretaire
general de l'Organisation internationale de la Francophonie, d'etre le garant
des engagements de la communaute' francophone en faveur de la liberte' de la
presse et de faire pression aupres des quinze pays denonces dans ce communique'
afin qu'ils respectent ces engagements.
Bureau Afrique/ Africa desk
Jean-Francois Julliard Vincent Brossel
Reporters sans frontieres
5, rue Geoffroy-Marie 75009 Paris - France
Tel: 33 1 44 83 84 84 Fax: 33 1 45 23 11 51
e-mail: afrique@rsf.fr
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