[67] A' La Memoire D'un Homme. Christophe Munzihirwa

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a' la memoire d'un homme. Christophe Munzihirwa
Date:
Fri, 29 Oct 1999 15:51:56 +0200
From:
"serv. informazioni Congosol" <congosol@neomedia.it> To:
"serv. informazioni Congosol" <congosol@neomedia.it>





---------------------------------------------------------------------------- Trois ans apres la mort de Mgr. Munzihirwa,
nous croyons que ses paroles sont toujours actuelles,
et nous nous permettons de publier encore une fois notre contribution a' sa memoire

Il y a trois ans, le 29 octobre 1996, Christophe Munzihirwa fut tue'.

Monseigneur Munzihirwa sj etait l'Archeveque de Bukavu; il avait dedie' sa vie au service de la recherche de la paix pour son peuple, basee sur la force de la verite', sur la vie en commun, sur le pardon, sur la conscience, sur la nonviolence coute que coute.
Son messagge, naturellement, etait fortement caracterise' en sens chretien, mais nous croyons de ne pas le trahir si disons que ses paroles sont source pure pour tous les etres humains.

Il n'importe pas, et il ne sert pas, de dire par qui il fut physiquement tue', car, dans la spirale de la violence, amorcee ailleurs et pour des but qui n'ont jamais et rien a' quoi faire avec le bien pour le peuple africain de la Region des Grands Lacs, plusieurs sont les executants materiels qui, au tour suivant de la spirale, deviennent victimes, et vice versa. Et il n'importe pas et il ne sert pas, surtout parce que les vrais assassins, les vrais ennemis de la paix, sont toujours ailleurs, ils se tiennent physiquement bien eloignes du sang, et du feu des armes qu'eux memes ils ont vendu a' ceux-ci et a' ceux-la'.

Christophe Munzihirwa savait ces choses, et il les disait avec precision a' chaque occasion,
et maintenant nous taisons et laissons la parole a' lui, pour rappeler a' tout le monde,
compris les assassins eloignes, que l'on peut detruire le corps d'un homme, mais sa parole vit toujours.

Note:
nous avons expres choisi des mots sans particuliers references a' gens et situations precises, non pas parce que ces references manquent dans les paroles de Christophe Munzihirwa (au contraire: ses paroles etaient toujours extremement directes et circonstanciees);
mais parce que, au bout de trois ans, autres tours de spirale consumes, une situation actuelle extremement delicate au sujet des susceptibilites particulieres, nous voulons eviter toute possible interpretation manipulee d'un message totalement limpide, impartial, unitaire.

une salutation emue
du Service informations Congosol
et du Comite' de solidarite' Palermo - Bukavu



Partout on pleure des morts;
la majorite' de la population est "dispersee" ou "refugiee"; une petite minorite' essaie de reconstruire une structure nationale dans une "partie" du pays.
Pour quelle fin detruit-on un labeur de trente ans?
Des pays lointains croyent defendre les droits de la majorite'; d'autres pays veulent defendre les droits de la minorite';
chacun pretende susciter une juste democratie;
mais des deux cotes on ne cherche pas la democratie;
une democratie a' l'occidentale n'a d'ailleurs pas de sense dans le contexte socioculturel de l'Afrique centrale;
on cherche le pouvoir absolu pour conserver ou pour acquerir des "privileges" quel que soit le prix que le peuple doive payer, quels que soient les risques d'un retour de flamme dans l'avenir.
Pourquoi?
...
Meme si nous ne pouvons pas empecher les violences, nous devons toujours les desapprouver:
il faut savoir dire NON, un non absolu, profondement trouble', ou l'ivraie voisine avec le bon grain.
Le bon grain existe, en grand nombre, et d'une qualite' etonnante. Nous n'en voulons pour preuve que les recentes affirmations de nombreux Tutsi venus chercher refuge au Kivu, disant qu'ils doivent leur salut a' des Hutu audacieux, temoins du respect de la vie, du respect de l'homme, du respect de la fraternite' de tous les humains en Jesus Christ; cfr les temoignages reunis dans un dossier publie' a ' Bukavu en juillet 1994 par Philippe de Dorlodot; cfr les "signs d'esperance" qui ont ete' percus, tant au Rwanda qu'au Burundi, depuis pres de six mois;
et l'on pourrait citer des exemples analogues de Tutsi protegeant des Hutu, telle cette maman tutsi qui avait pris sous sa protection une vingtaine d'eleves fuyant le massacre dans leur ecole.
...
Une longue paix dans les esprits sera necessaire pour la reconstruction d'un pays comme le Rwanda;
mais il faut oser la faire, la' comme ailleurs;
elle est fruit de dialogue et de reconciliations permanentes; elle demande un longue processus de negociations conduites par des hommes qui soient conscients des interets communs de tous les citoyens de leur nation.
Une nation est avant tout un plebiscite de tous les jours "de vouloir vivre ensemble", en oubliant les ombres du passe', en mettant tout en oeuvre pour eviter la dictature, soit de majorite', soit de minorite'.
Quand'elle n'est pas defensive, la guerre est toujours un derapage et une demence d'un individu ou d'un groupe qui provoque la violence pour arriver au pouvoir, ou pour s'y maintenir.
On croit se battre pour la patrie, alors qu'on est pousse' par les differences. C'etait ainsi au temps de la tour de Babel deja'.
Il faut que les armes se taisent; alors les hordes errantes pourront prendre le temps de se ressaisir et de se demander d'ou' est venue la tempete;
alors des personnes integres percevront leurs convictions les plus profondes pour le service du bien commun, pour faire germer une "nouvelle democratie", culturellement enracinee dans nos realites d'Afrique Centrale. Que cesse la contrainte des armes, que cessent les demagogies au niveau des nos pays et des jeux d'influences internationales, qu'emergent des gouvernements qui refletent des choix, aussi conscients et libres que possible, formules par les populations redevenues sereines. ... A regarder les evenements avec un oeil plus analytique et plus objectif, on s'apercoit que si, de part et d'autre des groupes en conflit, il y a violence et vengeance, il y a des masses innocentes et tranquilles qui n'en sont que les victimes.
C'est a' leur insu et contre leur volonte' que les ambitions de garder ou de s'emparer du pouvoir ont dresse' des plans et des methodes nefastes pour arriver a' leurs fins: le pouvoir voulu pour lui-meme au detriment du peuple.
On s'apercoit aussi que, dans les ethnies en conflit, il y a de part et d'autre, des gens qui deplorent cette folie, et qui font ce qu'ils peuvent pour sauver des vies humaines, quitte a' se faire passer pour traitres, et parfois subir le sort de ceux qu'ils ont aides, ou essaye' d'aider a' se sauver. Ainsi, quand on considere l'histoire avec un peu de recul, on decouvre que beaucoup d'Allemands opposes au regime nazi on subi le meme sort que les Juifs qu'ils ont sauves ou essaye' de sauver. En Allemagne, il a fallu distinguer un Allemand d'un nazi; au Liban, un musuman d'un islamiste; au Rwanda, il faudrait distinguer un Hutu d'un membre des milices de la mort ou de la garde presidentielle qui veut se maintenir, par genocide, au pouvoir; distinguer un Tutsi de certains membres du FPR qui veulent s'emparer du pouvoir par la force, et eliminer toute opposition. Des deux cotes on a tue' "pour le pouvoir". ... Les nations s'apitoient sur les foules innombrables de victimes dispersees dans tous les pays des Grands Lacs; il y a beaucoup de bonne volonte'; et la logistique des aides humanitaires rend hommage au genie et a' la generosite' humaine pour les services d'urgence.
Mais qui doit intervenir "pour demain"?
Qui doit reveler les desseins secrets de quelques cerveaux bien proteges qui ont suscite' et qui continuent a' soutenir le "laminoir des pauvres"? On dit qu'il faut l'intervention d'une "force" internationale pour faire respecter les "droits de tous", parce que les des sont pipes, tant au Burundi qu'au Rwanda, meme si les situations ne peuvent etre confondues. Quels sont les leviers du dialogue et de la verite'? ...

3 aout 1994

Au lieu de construire des murs ideologiques,
qui separent les ethnies,
construisons ensemble des routes et des ponts
qui encouragent et unissent.
decembre 1995

Restons accueillants pour tous, afin de nous enrichir des valeurs multiples qu'apportent les differences des ethnies et des races.
Les nations les plus fortes sont celles qui ont reussi a' concilier les differences.
C'est une folie que de s'attaquer a' des personnes paisibles, tout simplement parce qu'elles sont de telle ou de telle ethnie. Personne d'entre nous n'a choisi ses parents et donc son ethnie. Nous les acceptons et nous les defendons.
27 septembre 1996

Aujourd'hui, quand'on parle d'Universite', on songe avant tout a' l'ensemble des connaissances qu'elle delivre.
Au debut, en 1230, on songeait avant tout a' la Communaute' des eleves et des professeurs venant de toutes nations pour ecouter des maitres competents.
C'est cette acception du dialogue des ethnies qui formait l'Universalite'. Bukavu doit lutter pour revenir a' la source.
Notre bonheur devrait etre de voir toutes les ethnies autour des Grands Lacs se cotoyer comme des freres et s'enrichir de leurs differences par un dialogue constant.
19 octobre 1996



---------------------------------------------------------------------------- (Priere de traduire et diffuser ce message en autres langues, excepte' l'italien et l'esperanto;
si vous faites une traduction, s'il vous plait envoyez-la meme a' nous)



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Nous nous excusons avec tous ceux qui ont deja' recu ce document. -------------- --------------------------------------------------------------



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