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Subject: dialogue intercongolais: IMPORTANT DOCUMENT DE REFLEXION Date: Wed, 10 Nov 1999 12:54:19 +0100 From: "serv. informazioni Congosol" <congosol@neomedia.it> To: "serv. informazioni Congosol" <congosol@neomedia.it>

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Rigobert Minani Bihuzo s.j Animateur du Groupe Jeremie Permanent du Reseau National des groupes et Associations d'inspiration chretienne de defense des droits de l'homme et d'education civique. B.P 3064 Kinshasa I (RDC).

AIDE-MEMOIRE POUR COMPRENDRE POURQUOI LE "DIALOGUE NATIONAL" (negociations politiques intercongolaises) N'A PAS ENCORE COMMENCE

A l'intention des Animateurs de la Societe' Civile, des Representants des Confessions et des Responsables des Communautes Religieuses.

1. Le probleme: Signe' a' Lusaka (Zambie) depuis le 10 juillet 1999, l'Accord de Lusaka tend a' devenir lettre morte. Bien plus, un "casus belli". Tous les signataires l'invoquent et s'y referent. Mais son application effective

1. pietine au regard et du timing defini pour les negociations politiques intercongolaises (Point 5.6): - Choix du facilitateurJ + 15 jours - Debut du dialogue nationalJ + 45 jours - Date limite cloture du dialogueJ + 90 jours - Installation nouvelles institutionsJ + 91 jours

Le retard sur le timing est du: - aux tergiversations des rebelles de Goma a' signer l'Accord (Cfr. conflit RCD Goma - RCD Kisangani). Le 31 Aout 1999, les rebelles de Goma ont enfin signe'. - Aux difficultes de s'entendre sur le profil et la personnalite' du Facilitateur.

2. Outre les accusations mutuelles de violations de l'Accord de Lusaka, les differents protagonistes developpent maintenant un discours aux accents belliqueux qui risque de conduire a' une nouvelle collusion armee meurtriere.

   
   
   
   

2. Pourquoi ces pietinements et cette nouvelle escalade guerriere?

1. D'abord qui sont les protagonistes?

Pour ce qui est des "negociations politiques intercongolaises", l'Accord de Lusaka, en son Article III, n. 19 ainsi que l'Annexe "A", chap. 5, n. 5.2, a enumerent comme protagonistes: - Le Gouvernement de la Republique Democratique du Congo - L'opposition armee, a' savoir le RCD et le MLC - L'opposition politique - Les forces vives de la Nation - Un facilitateur neutre, accepte' par toutes les Parties congolaises

2. Pourquoi le dialogue n'a pas commence'?

1. Le comportement de Kinshasa.

• Kinshasa a ouvert le Debat National et a cree' dans l'opinion une certaine confusion. Cette activite' n'est pas prevue dans l'Accord de Lusaka. Du moins pas dans la forme qu'elle a prise a' Kinshasa. Son organisation et sa tenue peuvent cependant se comprendre comme souci previsionnel pour le Gouvernement de Kinshasa, de faire participer une large partie de la population aux preparatifs du dialogue et des negociations prevues par l'Accord de Lusaka. On ne devrait donc pas confondre Debat National et "Dialogue national ouvert" ou "negociations intercongolaises" prevus par l'Accord de Lusaka.

• Du cote' militaire, les rumeurs persistantes rapportent un rearmement de plus en plus sophistique' de Forces armees en collusion, accompagne' des mouvements significatifs des troupes sur les differents fronts.

  
  

2. Le comportement de Kigali - Kampala - Bujumbura

• La mise en siege de Mbujimayi, semble etre achevee et le renforcement des fronts armes (du Nord-Katanga et du Nord-Equateur) n'echappe plus aux populations de ces zones. C'est comme si, de part et d'autre, des fronts belligerants, l'on attendait plus que l'etincelle qui mettrait le feu aux poudres.

  
  

3. La question du Facilitateur

• Toutes les parties signataires de l'Accord de Lusaka, dit un communique' de presse de Sant'Egidio du 14 octobre dernier, ont designe' cette communaute' comme Facilitateur. (Voir communique' en annexe). - L'opposition non armee, la societe' civile et les confessions religieuses ont avalise' aussi ce choix. - Le Gouvernement de Kinshasa, le MNC et le RCD/Wamba ont renouvele' leur confiance a' la communaute' catholique de Rome. - Seul le RCD/Goma qui, meme apres avoir communique' a' l'OUA qu'il a aussi retenu Sant'Egidio, continue a' lancer par la voix de son president un message ambigu. - Mais avant que Sant'Egidio ne convoque la rencontre l'OUA, temoin signataire qui a recu selon l'Accord (Chap. 5, point 5.3) le mandat "d'assister la Republique democratique du Congo en vue de l'organisation des negociations", doit formaliser la procedure et designer une ou plusieurs personnalites africaines chargees d'accompagner le processus pour le compte de l'OUA. Tant que le feu vert n'est pas donne' par l'OUA le falici tateur reste paralyse'. - Mr SALIM, Secretaire General de l'OUA, dit n'avoir pas encore trouve' cette personnalite'. D'autre part, tous ceux qui sont proposes par l'une de deux Parties en conflit sont automatiquement rejetes par l'autre sans une raison suffisante. Le refus par le Rwanda et le RCD/Goma de l'ex - President beninois, Delegue' de la Francophonie, n'a convaincu personne. - Depuis la signature de l'Accord de Lusaka par le RCD/Goma, le 31 aout 1999, L'OUA semble ralentir la machine alors que le temps presse et que, selon le communique' de presse de Sant'Egidio, cette communaute' serait meme prete a' convoquer rapidement les protagonistes a' Rome pour debloquer la question du choix de la personnalite' africaine pouvant representer l'OUA. Alors que les canons se massent sur les fronts, que la nervosite' gagne les esprits, que la guerre mediatique et verbale atteint des proportions inquietantes, l'OUA semble avoir toute l'eternite' devant elle.

  
  

4. LE PROBLEME SEMBLE ETRE AILLEURS

1. Goma n'est pas pret a' negocier. La Rebellion traverse une phase difficile. Pour preuve son enieme reorganisation ce 28 octobre, avec l'habituelle protestation et desaveu d'un groupe, cette fois-ci, regional (Katangais). Plus d'une personne a annonce' un autre RDC bis, comme ce fut le cas avec Zaidi Ngoma et Wamba dia Wamba. Cette instabilite' depouille le RCD de toute pretention. Ses propres pourfendeurs etant a' l'interieur du mouvement. On ne va divise' a' la table des negociations.

2. Le RCD Wamba traverse aussi une tempete. Outre son malentendu avec Kampala, une violente guerre ethnique secoue Bunia et ses environs, un etat de guerre s'est installe' a' la frontiere des regions controlees par le RCD-Goma et le RCD- Bunia.

3. Fait nouveau et dangereux pour la rebellion, des soldats de nationalite' congolaise revendiquent leur autonomie et s'attaquent a' leurs chefs rwandais et Ougandais. Le feu couve donc dans le camp de la rebellion. L'urgent n'est plus l'application de l'Accord, mais l'harmonisation des vues au sein de la rebellion.

4. Kigali n'est pas, non plus, dispose' a' permettre le dialogue inter congolais. Il craint qu'une fois les Congolais autour d'une table, la question de la stabilisation du Cong- passe avant celle de la securite' du Rwanda. De toutes les facons, le Vice-president Kagame a bien averti les congolais qui sont dans son camp : "Meme sans les congolais, nos troupes resteront au Congo".

5. Messieurs Bizima Karaha et Moise Nyarugabo ont dit dernierement a' la delegation de Kinshasa a' Lusaka que pour leur groupe (Banyamulenge fidele au RCD), le dialogue inter congolais ne les interesse pas. Une fois "vous serez entre vous, vous allez nous marginaliser". Ils demandent une negociation directe entre eux et Kabila et se proposent de convainque Kagame de collaborer si l'interet de son groupe est sauvegarde'. Pour eux parler avec les structures du RCD ne va rien resoudre. Ces propos sont arrives dans les oreilles des responsables du RCD. Leur reponse a ete : "C'est la jeunesse qui fait parle' Bizima. Il n'a pas le monopole d'acces a Kagame".

6. On pourrait continuerŠ

• Il est connu aujourd'hui que ceux qui dans leur analyse de la situation privilegie les interets du Rwanda, du Burundi et de l'Ouganda sont entres autres l'Afrique du sud et les USA. - Le Congo et les congolais semblent orphelin dans cette aventure meurtriere. - L'OUA, L'ONU, L'UNION EUROPEENNE ne forceront pas la main a' tous les protagonistes que si l'opinion interieure reussie a' se faire entendre.

  
  
  
  

Les parties qui croient au dialogue inter-congolais doivent sans tarder se mobiliser pour poser des actes concrets en vue de prevenir le debut des affrontements et hater la tenue du dialogue inter-congolais.

Quelques propositions d'actions:

• Ecrire une lettre au president Kabila lui demandant de ne pas se laisser tenter par la logique de guerre. - Ecrire aux differentes rebellions pour les inviter a' venir a' la table de dialogue. - Demander au secretaire general de l'OUA de formaliser la question des facilitateurs. - Demander a' la communaute' Sant'Egidio de convoquer sans delai le dialogue inter-congolais. - Certaines autres actions peuvent etre orientees en direction des Etats, de la SADEC, de L'OUA, de l'Union Europeenne, des Nations UniesŠ

  
  

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