ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 342 - 16/03/1998

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Burundi

Centenaire de l'Eglise catholique


by Un Dossier ANB-BIA, Bruxelles, mars 1998

THEME = DOSSIER

Partie 2/3: II. L'histoire de l'Eglise - Partie 3/3: III. L'Eglise dans la tourmente

INTRODUCTION

Cette année, l'Eglise catholique au Burundi "fête" son centenaire dans un pays déchiré,
en proie à la guerre civile qui a fait et fait toujours d'innombrables victimes.
La foi de la grande majorité de la population pourra-t-elle aider ce pays à surmonter
ses clivages, ses peurs mutuelles et ses blessures inscrites dans la chair et dans l'âme?

Parler de l'Eglise au Burundi, où une guerre civile atroce fait rage depuis des années, n'est pas possible sans évoquer l'histoire du pays. On ne peut pas non plus éviter de parler d'ethnies, quand dans la violence actuelle les deux groupes qui se combattent se réclament d'une telle appartenance.

Vu la délicatesse du sujet et pour éviter d'être soupçonnés d'attitudes partisanes, nous nous contenterons de résumer l'histoire politique du Burundi, telle qu'elle est décrite par le New African Yearbook (1997-98), complétée par L'état du monde (1997, Ed. La Découverte).

 

I. Histoire politique

Les premiers habitants du Burundi étaient les Pygmées twa, qui ne forment plus qu'1% de la population. Le groupe numériquement dominant (85% de la population), les Hutu, ont immigré probablement vers la fin du premier millénaire de notre ère. Après le 17e siècle, les paysans hutu ont subi graduellement la domination économique des pasteurs tutsi et hima, immigrés de l'Ethiopie et de l'Ouganda, devenant une semi- aristocratie à travers des méthodes féodales de clientélisme par voie de bétail et de terres.

La structure de gouvernement au Burundi n'était pas aussi centralisée qu'au Rwanda. Il y avait un roi (mwami), mais le pays était souvent divisé par des rivalités entre des princes royaux (ganwa), qui pouvaient exercer le pouvoir dans leur chefferie comme ils le désiraient. La rivalité entre les familles ganwa, Batare et Bezi, continua et s'intensifia même sous le régime colonial.

Le temps colonial

A la fin du 19e siècle, l'Allemagne prit le contrôle du Burundi et du Rwanda. Elle reconnut les chefs et intensifia leurs pouvoirs. Les deux territoires passèrent sous mandat belge en 1919. La Belgique maintint le gouvernement indirect à travers les chefs et donna aux missions le monopole de l'éducation. Le colonialisme eut pour effet d'accentuer, plutôt que de réduire, les différences ethniques entre Tutsi et Hutu. Avec l'expansion de l'éducation et du commerce se créa une élite urbaine et moderne, alors que les gens de la campagne, Tutsi comme Hutu, ne voyaient que peu de progrès. Seules les familles dirigeantes accrurent leur richesse et leur influence.

A la veille de l'indépendance, le prince Louis Rwagasore, fils du mwami Mwambutsa IV, devint le premier leader nationaliste dans la brève période de 1958 à 1961, où il dirigea le principal parti, l'UPRONA (Union pour le progrès national). Il milita pour l'unité, employant consciemment une "arithmétique ethnique" pour donner une représentation aux leaders hutu dans son parti. Il fut assassiné par un Européen, le 13 octobre 1961, deux semaines après sa nomination comme Premier ministre. Après son assassinat, l'UPRONA perdit sa cohésion et certains Tutsi fanatiques purgèrent violemment le parti de ses représentants hutu.

L'Etat indépendant

Le mwami Mwambutsa règna sur le royaume de 1962 à octobre 1965, essayant de donner une autorité égale aux Hutu et aux Tutsi, mais sans politique consistante. Il y eut cinq changements de gouvernement en trois ans et demi. Après des élections en 1964, gagnées dans l'ensemble par les candidats hutu, il refusa de nommer un Premier ministre hutu. Il en suivit un coup d'Etat avorté en octobre 1965. Le mwami s'enfuit en Suisse et un groupe de Tutsi commença à consolider son pouvoir par une purge de Hutu dans l'armée et l'administration.

Le Burundi devint une république sous Micombero, président de 1966 à 1976. L'UPRONA devint le parti unique, qui devait donner l'impression d'un support de masse au gouvernement militaire, mais qui servait en fait d'instrument de répression.

En 1972, on connut une immense tragédie. De nouvelles provocations mirent l'étincelle à une rébellion hutu. Les plans de quelques rebelles furent dévoilés avant qu'ils aient pu prendre le contrôle de la capitale Bujumbura. Environ 1.000 Tutsi furent tués. En réponse, l'armée entreprit un "génocide sélectif", tuant tous les Hutu qui avaient reçu quelque éducation formelle. Le nombre de Hutu tués est estimé à 200.000. En avril 1974, plus de 100.000 réfugiés se trouvaient à l'étranger, surtout en Tanzanie, où la plupart sont toujours.

Le 1er novembre 1976, dans une "révolution de palais", le colonel Bagaza prit la place de Micombero, mais la prédominance tutsi continua, ainsi que le rôle primordial de l'UPRONA. A partir de 1979, Bagaza commença l'expulsion progressive des missionnaires, accusés de répandre des informations tendancieuses et de fomenter des troubles dans la majorité hutu.

Le 3 septembre 1987, Bagaza fut renversé par le major Pierre Buyoya, qui continua d'abord à se baser sur une petite élite tutsi. Mais en octobre 1988, il nomma un Premier ministre hutu, Adrien Sibomana, à la tête d'un gouvernement majoritairement hutu, et il prépara les premières élections démocratiques et multipartites, qui eurent lieu en juin 1993.

Melchior Ndadaye, hutu, gagna les élections présidentielles avec 64,75% des suffrages; et aux législatives, son parti Frodebu obtint 71,4% des votes et 65 sièges sur les 81 à pourvoir. Vingt-quatre heures après la publication des résultats, il y eut une tentative manquée de coup d'Etat par quelques soldats tutsi qui furent arrêtés. Le 21 octobre 1993, nouveau coup militaire tutsi, dans lequel le président Ndadaye est assassiné. Les ministres se réfugient dans les ambassades. Des démonstrations hutu violentes sont contrées brutalement par les militaires. Il y a des milliers de morts.

Le 5 février 1994, Cyprien Ntaryamira (hutu) devient le nouveau président, mais la violence continue. Ntaryamira est tué le 6 avril dans l'avion abattu à Kigali, avec le président rwandais Habyarimana. Pendant l'orgie de meurtres au Rwanda, le Burundi reste relativement calme.

En septembre 1994, on arrive à une convention: Sylvestre Ntibantunganya (hutu) devient président, Antoine Ndawayo (tutsi) Premier ministre. La capitale connaît des nettoyages ethniques, l'université des affrontements meurtriers. Les partisans de Léonard Nyangoma (Frodebu) s'installent à la frontière zaïroise. A partir d'octobre 1995, les actions de guérilla s'étendent jusqu'au centre du pays. Craignant que la montée des tensions n'entraîne l'ensemble de la région dans la guerre, la communauté internationale (ONU et OUA) finissent par s'emparer du dossier et envisagent de déployer au Burundi une force internationale. Pour empêcher cela, l'armée fait un nouveau putsch, le 25 juillet 1996, et réinstalle le major Buyoya au pouvoir. Les pays de la sous-région décident le blocus du Burundi jusqu'au rétablissement de l'Assemblée nationale et des partis, ainsi que l'ouverture de négociations entre tous les protagonistes. Ces essais de négociations sont toujours en cours, ainsi que les affrontements entre armée et guérilla...

FIN PARTIE 1/3

Partie 2/3: II. L'histoire de l'Eglise - Partie 3/3: III. L'Eglise dans la tourmente

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