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Peacebuilding: un manuale formativo Caritas

Peacebuilding: un manuale formativo Caritas

Aggiornamento del "Manuale di formazione alla pace", pubblicato nel 2002 da Caritas Internationalis, traduzione in italiano a cura di Caritas diocesana di Roma - Servizio Educazione Pace e Mondialità (S.E.P.M.).

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Conferenza episcopale della Repubblica Democratica del Congo

Per amore del Congo, non tacerò

Messaggio del Comitato permanente dei Vescovi della RDC al termine della sessione ordinaria tenutasi a Kinshasa dal 9 al 14 febbraio 2004


POUR L’AMOUR DU CONGO, JE NE ME TAIRAI POINT
(Cf. Is 62, 1)

Message du Comité Permanent des Evêques de la République Démocratique du Congo aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté

1. Réunis à Kinshasa en session ordinaire du Comité Permanent de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) du 9 au 14 février 2004, nous, Archevêques et Evêques, forts de notre responsabilité face au destin du peuple congolais, saisissons cette occasion de communion ecclésiale pour saluer les avancées de la Transition dans notre pays et les espoirs qu’elles suscitent, mais aussi pour alerter l’opinion sur les zones d’ombre. Autant nous nous réjouissons de la cessation des hostilités qui ont dévasté notre pays et ont sacrifié, malheureusement, d’innombrables vies humaines, autant nous nous inquiétons des lenteurs et des calculs politiques qui minent cette Transition.

Sur le chemin de la réunification du pays

2. Six mois après le début de la Transition, des signes de bon augure sont notables. En dépit de quelques foyers de tension qui continuent à semer la terreur et la mort des populations civiles, le processus de pacification marque des avancées réelles.

3. Bien qu’hésitante, la réunification du pays tend à devenir une réalité. Les liaisons commerciales ont été rétablies. Timide, certes, le trafic aérien, routier, ferroviaire et fluvial relie désormais les différents coins du pays, autrefois séparés du fait de la guerre, facilitant de la sorte la circulation des biens et des personnes ainsi que les échanges commerciaux. La circulation de la monnaie unique, tout comme la diffusion des émissions radiotélévisées et les liaisons téléphoniques à l’échelle nationale sont autant de signes encourageants de la réunification du pays dont le peuple se réjouit.

4. Le discours politique officiel est apparemment marqué par la logique de la réconciliation. Cela montre que la classe politique prend de plus en plus conscience que la voie de la violence ne peut conduire ni à la prospérité de notre peuple, ni à une vraie démocratie. Longtemps perdue, la paix est d’autant plus ressentie comme un bien dont on ne peut se passer.

5. Le pouvoir judiciaire se réorganise en tentant de reconquérir son autonomie. De leur côté, le Gouvernement de Transition et le Parlement bicaméral sont, malgré tout, à pied d’œuvre.

6. Aussi nous réjouissons-nous de constater que le Congo reprend progressivement sa place sur la scène internationale. La reprise annoncée ou déjà effective de certains secteurs de la coopération bilatérale est l’expression de la reconnaissance, au plan national et international, de la renaissance de notre nation.

Zones d’ombre

7. Ces réalisations sont hélas ! accompagnées d’autres signes qui inquiètent et ne peuvent nous laisser indifférents. En tout état de cause, ces signes démontrent que des efforts doivent encore être fournis.

Pendant cette période d’après-guerre, des forces centrifuges et centripètes s’entrechoquent sur fond d’une sérénité politique illusoire. Tout en ayant réalisé certaines actions bénéfiques pour notre peuple, le nouvel ordre politique enregistre des ratés inquiétants englués dans un faisceau de réalités aux dimensions nationales et internationales. En attendant d’en dévoiler la teneur dans un document à venir, conscients de notre mission, nous, membres du Comité Permanent de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, nous faisons le devoir prophétique d’exprimer nos préoccupations sur le cours de la Transition. Nous ne pouvons nous taire (Cf. Jr 4, 19) !

8. Après tant d’années de guerre et de longues négociations politiques, le peuple espérait que le nouvel ordre politique, dont nous avions souligné dès le départ la lourdeur et le caractère pléthorique , allait poser les jalons d’une démocratie réelle pouvant enfin le conduire à la prospérité et au développement. Six mois après l’inauguration de la Transition, ce peuple déchante. Il constate que ses préoccupations sont aux antipodes des intérêts de ses dirigeants qui lui imposent des sacrifices qu’il ne mérite pas. Son avenir risque d’être hypothéqué. Relégué à la traîne des luttes de positionnement de la classe politique, ce peuple paie le prix de la compétition des familles politiques qui se partagent le gâteau du pouvoir.

Dangereux déséquilibre social

9. La situation dramatique de notre peuple n’a plus besoin d’être décrite dans les détails. Nous sommes affligés de constater qu’au lieu d’œuvrer pour la promotion du social, les dirigeants de notre pays s’octroient des avantages sociaux qui manifestent ouvertement leur désintérêt général pour le bien-être de la majorité de la population.

10. Outre qu’ils multiplient des missions aux avantages juteux, ils s’offrent un train de vie qui n’a rien à voir avec la précarité de nos finances nationales. N’ayant rien entrepris contre la corruption qui infecte tous les services dans notre société, ils sont les seuls à bénéficier de l’accalmie de l’après-guerre. Ce déséquilibre crée un malaise social ressenti dans toutes les couches de la population et dont les gouvernants ne semblent pas mesurer suffisamment la gravité.

11. Dans le domaine du social, nous souffrons de constater que les réformes annoncées avec pompe sont insignifiantes et demeurent non réalisées. Par contre, elles sont manifestement des promesses politiques exploitées pour des fins électorales.

Amateurisme et compétences limitées

12. Dès le départ, la Transition a révélé d’énormes lacunes dans certaines personnes ayant accédé au pouvoir à la faveur de la logique du consensus. Dans certaines institutions, l’on constate trop de tâtonnements et d’incertitudes, risquant de conduire l’Etat à la dérive.

13. Préjudiciables à la bonne marche du pays, ces limites révèlent un certain amateurisme dans la gestion du pouvoir qui risque de coûter cher à la République. Bien souvent, l’exercice des fonctions est confondu avec la campagne politique.

Lenteur et volonté délibérée de prolonger la Transition

14. Alors que la Transition a démarré depuis six mois, nous constatons une nette lenteur tendant à la prolonger de manière indue. En effet, nous regrettons que les lois organiques devant autoriser et régir le fonctionnement des Institutions d’appui à la Transition tardent à être présentées au vote. D’aucuns n’hésitent pas à croire qu’il s’agit de la volonté délibérée des responsables politiques à tirer la Transition en longueur pour retarder la tenue des élections.

15. Nous dénonçons cette attitude et réaffirmons notre souhait de voir les élections s’organiser dans le strict respect du délai fixé par l’Accord global et inclusif. Est-il besoin de rappeler que notre peuple est fatigué de passer de Transition en Transition ? Il est, dès lors, inadmissible de multiplier des manœuvres pour bloquer le processus entamé.

Banalisation de la vie et négligence criminelle

16. Conscients du caractère sacré et inviolable de la vie , nous nous indignons de nombreux accidents ferroviaires, aériens, fluviaux et routiers qui, comme en 1996 , ont endeuillé récemment la nation congolaise. Signes de temps, ces accidents devraient nous conduire à un examen de conscience. Ils révèlent la négligence criminelle et l’irresponsabilité qui ont élu domicile dans la conscience de certains de nos compatriotes.

17. Nous dénonçons aussi la légèreté avec laquelle les dirigeants ont annoncé et géré ces accidents. La vie humaine a une valeur inestimable. « Ecoute, dit le Seigneur, le sang de ton frère crier vers moi du sol » (Gn 4,10). La mort d’hommes n’est pas à considérer comme un fait divers. Il est étonnant que la disparition de tant de personnes n’ait suscité que si peu d’indignation. On se serait attendu à ce que soit décrété un deuil national.

18. Cette indifférence témoigne d’une crise du sens du sacré et de l’inviolabilité de la vie humaine. Elle se manifeste aussi dans l’indexation du problème de la sécurité qu’on tend à reléguer au rang des activités facultatives de l’Etat, alors que la population est livrée à la merci de bandits de grand chemin comme on a pu le constater sur la nationale numéro un, à Kinshasa et ailleurs.

Conflits au sommet de l’Etat et fragilité de la Transition

19. Les conflits entre institutions ou personnalités politiques au sommet de l’Etat sont un signe inquiétant qui fragilise inutilement la Transition. Nous constatons, en effet, que les protagonistes de la Transition n’ont pas encore perdu totalement les réflexes de belligérants. Malgré le langage de la réconciliation dans leurs discours publics, ils provoquent des conflits qui détournent l’attention des citoyens des problèmes capitaux du pays pendant cette période. Ils se rejettent la responsabilité et semblent se complaire à gaspiller les énergies dans des querelles qui n’ont aucun rapport avec les objectifs de la Transition.

Ces antagonismes engendrent des prétextes pour torpiller la Transition, ou tout au moins la prolonger, en multipliant tergiversations et chantages n’ayant rien à voir avec le bien commun. «Qui aime les querelles aime le péché » (Pr 17, 19).

Des ratés de la réunification

20. Alors que la réunification du pays a soulevé une vague d’enthousiasme au sein de notre peuple, certaines personnes ne semblent pas encore réaliser qu’elle doit être effective. Certains chefs militaires lui opposent une résistance indue en affichant un comportement belliqueux qui compromet gravement le processus de la réconciliation nationale. De même, de hauts fonctionnaires de la territoriale, en provinces anciennement occupées, brillant par leur désobéissance à la hiérarchie, confisquent les recettes du trésor public au profit de leur ex-composante, paralysant ainsi anarchiquement le fonctionnement de l’Etat. Ailleurs, des détournements de deniers publics se multiplient en toute impunité, pour renflouer les caisses de certaines ex-composantes politiques.

21. Ce comportement ambigu et contraire à l’esprit de la réconciliation nationale retarde le rétablissement de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du pays et démontre le manque de loyauté de certains protagonistes du nouvel ordre politique. En outre, ce comportement favorise la poursuite du pillage des richesses de notre pays et porte à croire en l’existence d’agendas cachés.

L’Eglise au service de la nation congolaise pendant la Transition

23. Les ratés de la Transition en République Démocratique du Congo ne nous détournent pas de notre volonté de nous mettre au service de la nation congolaise. Tant s’en faut ! Tout en invitant la classe politique et notre peuple à un effort supplémentaire pour sauver la nation , en tenant bon dans la foi (Cf. 1 P 5, 9), nous indiquons deux priorités qui nous semblent devoir absolument s’imposer pendant cette période de Transition.

L’éducation civique du peuple pour la préparation aux élections

24. Solidaires des aspirations du peuple, nous, Pasteurs de l’Eglise catholique, réaffirmons avec force notre engagement à contribuer à la préparation aux élections qui doivent sanctionner la fin de cette Transition que nous espérons être la dernière dans l’histoire de notre pays. Pour cela, fidèles à notre mission évangélisatrice (Cf. Mt 28,19), nous préconisons d’aider la nation en préparant le peuple aux élections, à travers une éducation civique responsable et engageante dans nos diocèses, selon un programme pastoral conçu à cet effet. Pour nous, les élections doivent se tenir dans le délai défini par l’Accord global et inclusif. Toutes les dispositions doivent être prises à cet effet. Il en va de la vie de toute la nation.

Le respect des droits est un signal fort de la volonté démocratique

25. La démocratie en République Démocratique du Congo passe par le respect des droits et la réconciliation. Dans cette perspective, en ce cinquantième anniversaire de l’ouverture de la première année préparatoire à l’Université Lovanium, nous réaffirmons notre volonté de la rétrocession à l’Eglise catholique de cette institution ainsi que d’autres instituts supérieurs étatisés en 1971. Nous estimons que cette rétrocession n’est pas une faveur spéciale, mais une question de droit. Longtemps négociée avec les gouvernements précédents, cette rétrocession doit être finalisée pendant la Transition afin de nous permettre d’être davantage au service de la jeunesse congolaise, selon une convention qui engage l’Etat à assumer sa part de responsabilités. De même, l’Eglise réclame que lui soient restituées d’autres propriétés confisquées dans les mêmes conditions, notamment la chaîne catholique de télévision « Téléstar ».

Exhortation spéciale aux frères et sœurs politiciens

26. La Transition est un enjeu , une occasion en or qui ne saurait souffrir d’un quelconque gâchis. Le consensus issu du dialogue intercongolais est un acquis de taille qui prouve votre capacité à vous dépasser. L’après-guerre est une épreuve qui doit conduire la République Démocratique du Congo à la démocratie.

27. Eveilleurs des consciences, nous vous rappelons que l’amour de la nation doit être au-dessus de tout. N’abusez pas de la patience du peuple et dépassez-vous en évitant tout comportement susceptible de compromettre les acquis gagnés au prix de longues négociations. La paix est une valeur du royaume des cieux (Cf. Mt 5, 9). Il faut la protéger et l’accroître.

28. Mettez les préoccupations du peuple au centre de vos intérêts et entrez dans l’histoire en posant des actes responsables. Réconciliez-vous et montrez-vous dignes de la confiance que le peuple a placée en vous.

Aussi, nous vous exhortons à ne pas vous offrir des avantages qui contrastent avec la précarité de notre pays. D’une part, nous vous invitons à lutter efficacement contre la corruption qui prive notre Etat de tant de moyens dont il a besoin pour assumer ses responsabilités dans la société. D’autre part, il est utile d’engager un dialogue social sincère et franc pour apaiser le malaise qui accroît le mécontentement du peuple, en veillant à ce que chaque citoyen jouisse de ses droits et s’acquitte de ses obligations.

Conclusion

Frères et Sœurs,

29. Le destin du Congo n’est pas condamné à rester une tragédie. A ce propos, la Transition doit susciter de l’espoir. Il faut une réelle volonté politique pour en accélérer la vitesse. Nous, vos Pasteurs, vous exhortons, une fois de plus, à prendre notre destin en mains pour conduire le Congo à la démocratie. Ne baissons pas les bras et soyons toujours vigilants (Cf.1P 5, 8-9). Hâtons l’avènement du règne de paix et de justice, de vérité et d’amour dans notre pays. Rien n’est impossible avec le Seigneur (Cf. Lc 1,37).

30. Nous implorons l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, Notre-Dame du Congo, pour la réussite de la Transition dans notre pays.

Fait à Kinshasa, le 14 février 2004

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